CD/DVDChroniques

SAUROPOD – Roaring at the storm

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Pour les éminents scientifiques que nous sommes tous, un sauropode est une bestiole bien connue. C’est un sous-genre de dinosaures qui concerne la branche des gros herbivores à quatre pattes, genre brachiosaure ou diplodocus. Bref, c’est le gros pataud obèse de la bande des dinosaures, celui qui ne ferait pas de mal à une mouche.

Ramené à la question rock, un groupe appelé Sauropod pourrait donc faire penser à un combo de gros lourdauds apathiques, pratiquant un stoner pachydermique ou un folk rock fatigué pour vieux hippies profs de technologie dans une banlieue confortable d’une ville du Midwest. Il n’en est rien. D’abord, avec ce Sauropod-ci, nous ne sommes pas en Amérique mais en Norvège. Il n’y a pas de gros barbus à l’œil bovin et à chemises à carreaux mais un trio de petits jeunots nerveux et imberbes, dont une jeune fille tout à fait avenante. Et enfin, il n’est pas question ici de stoner poussif ou de folk rock écologique mais d’un bon vieux punk rock mâtiné de grunge.

La fraîcheur et le pétillement est ce qui caractérise ce premier effort de Jonas Røyeng (guitare et chant), Kamillia Waal Larsen (basse et chant) et Jørgen Natland Apeness (batterie), trois petits rockers en provenance de la bonne ville d’Oslo. Au lieu d’aller pêcher le hareng en mer Baltique ou de compter les rennes au Cap Nord, ces individus malins ont préféré se gaver de punk rock en celluloïd et de grunge en toile de jute pour formuler leur propre conception du rock ‘n’ roll : un mélange pertinent entre power pop peinte en rose, bubble punk sérieux et grunge solidement riveté.

On se retrouve donc avec ce premier album « Roaring at the storm » qui associe toutes ces nuances, non pas pour en faire un subtil dégradé suave et mollasson mais pour nous refiler tout ça en pleine tronche avec l’air moqueur du gamin qui vient de faire tomber l’armoire normande en allant piquer la confiture sur la plus haute étagère et qui se marre en voyant l’ampleur des dégâts et les heures de réparation pour les parents. « You and me should leave together tonight » démarre l’album dans l’insouciance sautillante d’une pop à la B-52s ou à la Blink-182. Amusant, mais il y beaucoup mieux avec la suite « Winter song » qui mutile les tympans à coups de grunge saignant, comme si Nirvana avait bondi de son cercueil pour nous mettre quelques paires de baffes posthumes. On ne tarde alors pas à comprendre que Sauropod revendique des influences issues de la rencontre douteuse de Mudhoney et de Green Day, par exemple.

Cette jonglerie entre punk, grunge et garage rock (« Sunny day ») va continuer tout au long de l’album, avec de grandes gifles comme « Hausmania » ou « (I’ve been) Bad on Emma », de gentilles pâtisseries au poivre comme « Running song » ou « Edge of a cloud » et des bizarreries caoutchouteuses comme « Your line is divine ». L’album se termine sur une bluette acidulée comme savait aussi les faire le Velvet Underground (« On the hill »).

On peut donc se régaler sans honte avec ce petit album hautement sympathique et varié, idéal pour se réveiller le matin ou faire des blagues à son prof de maths en minant son bureau avec un pain de TNT.

Pays: NO
Pop-up Records
Sortie: 2016/11/11

Laisser un commentaire

Music In Belgium