DRUMS ‘N’ GUNS – Inanna
Waregem n’a beau être situé qu’à 75 kilomètres de Bruxelles, il aura quand même fallu près de neuf mois pour que le premier album de Drums ‘n’ Guns, originaire de cette ville, arrive jusqu’à nos oreilles. Mais à l’écoute de leur très bon premier opus alliant stoner rock, grunge et progressif, on se dit que cela valait la peine d’attendre.
Drums ‘n’ Guns naît des racines de Mogul, un groupe local de la région de Gand qui donnait sans complexe dans un stoner de bon aloi. Désireux de faire évoluer le son de leur musique, Wim Nellen, Bart Van Thuyne, Jan Gobeyn, Mario De Keukelaere et Sam Dufoor repensent leur dispositif musical pour donner naissance à Drums ‘n’ Guns. Le nom en lui-même est intéressant, il évoque à la fois Guns ‘n’ Roses, les batteries qui tapent bien fort et les flingues… qui flinguent. On retrouve un peu tout ça dans « Inanna », le premier album du combo. Il y a une incontestable tension rock qui structure les morceaux, lesquels révèlent des constructions savamment agencées et parfois complexes.
Il faut d’abord faire quelques commentaires sur le titre de l’album, « Inanna », histoire de se coucher moins idiot ce soir. Inanna était le nom de la déesse sumérienne de l’amour, de la fertilité et de la guerre. Mais chez les Mésopotamiens, son nom était Ishtar (Astarté en français), ce qui a donné plus tard Astaroth chez les Hébreux, Aphrodite en Grèce et Vénus à Rome. Mais Astaroth, pour le métalleux moyen, représente le nom de plus d’une vingtaine de groupes de métal dans le monde entier.
Mais ici, il n’est pas du tout question de heavy metal pur jus. Drums ‘n’ Guns va faire montre au cours de son album d’une intéressante versatilité, intégrant des influences issues de Jack White, The Drones, Black Rebel Motorcycle Club, Motorpsycho, Cult Of Luna ou 16 Horsepower. L’album connaît une genèse particulièrement élaborée. Enregistré au studio Yellow Tape de Gand par Peter Van De Veire, le disque est ensuite mixé par Maarten Heynderickx et le groupe à Dendermonde après que les voix et les overdubs aient été faits dans le repaire de Drums ‘n’ Guns à Aalter. Un enregistrement supplémentaire de vocaux sur le titre « Rand » est fait au studio Barbolosi à Paris et finalement, le tout est mastérisé par Pieter De Wagter au studio EQuuS Mastering à Ixelles.
On se retrouve avec un disque aux ambiances variées, entre rock ‘n’ roll direct (« New breed »), influences orientales (« The circle »), lourdeurs proches de Queens Of The Stone Age (« Sun fades out »), soin apporté à l’osmose entre la section rythmique et les guitares (« Time machine »). « Rand » vient ralentir l’allure avec des voix graves répondant à une guitare revenant du désert et à un violoncelle hivernal : émotion garantie. La face 2 (ah oui, j’ai oublié de vous dire : le disque est disponible en vinyle et en numérique ; la jeunesse redécouvre la joie de se lever de son siège tous les quarts d’heure pour retourner la face du disque sur la platine et de terminer avec des disques qui prennent plus de place, sont plus lourds et finissent avec plein de rayures ou de bruits de grattements sur leur surface) est occupée par des morceaux tout en gravité (« Inanna why? »), en puissance classieuse (« Work, earn and rule ») ou en atmosphères feutrées (« The barn »). Le dernier titre du LP, « The legend of James », est proprement impressionnant, avec ses six minutes de lente progression triste et tendue, où le chant et les chœurs y sont pour beaucoup, sans oublier l’atmosphère lourde et plaintive qui vient ajouter des touches de gris sur la flamboyance de ce titre magnifique. Pour ceux qui préfèrent le numérique au vinyle, un titre bonus à la langueur minérale (« Nobody knows ») vient finir de convaincre que Drums ‘n’ Guns est un groupe à la sensibilité gracile et doté d’une puissance évocatrice peu commune.
Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2016/01/22