PENFIELD – Parallaxi5
La Suisse se profile à nouveau à l’horizon avec cette fois quelque chose de très original, puisque la formation Penfield pratique une musique kaléidoscope aux frontières du jazz-fusion, du rock-progressif et de l’électro-rock. Pour ce faire les artistes utilisent une chouette panoplie d’instruments leur permettant de vagabonder à travers une multitude de sons. En effet Michael « Maaïk » Borcard (saxophones et Moog), Matthieu Hay (batterie et pads), Thierry « Dr Zed » Scherer ((Rhodes et moog), Julien Michel (basse, Moog et contrebasse) et Théo Kummer (guitares, Ebow et Mininova), jonglent avec des instruments d’hier et d’aujourd’hui pour produire une musique à la fois analogique et électronique.
Directement plongé dans une autre dimension où dialogues radiophoniques et sonorités psychédéliques se mélangent, cette dernière nous envoute très rapidement grâce à un mélange de rythmiques électro-rock, de nappes d’orgues et de notes de saxophone ! A mi-chemin d’un électro temporisé et d’un jazz-fusion, la musique s’éveille par le biais de la guitare qui s’envole quelque peu. Complétant le tableau sonore, des effluves funky et soul éparpillent ça et là des notes d’orgues.
Les mots radiophoniques ouvrent encore le second morceau où, l’électro continue à pourchasser le jazz-fusion et le funk. L’étrange démarche qui me rappelle le groupe allemand Panzerballett et même le grand Zappa, positionne un rock fortement hors des sentiers battus. Ce sont les interventions aux orgues et aux guitares qui m’interpellent en premier, construisant une musique à la fois avant-gardiste et si proche des seventies et de la fin des sixties (l’époque Woodstock). Comme ce très beau solo de guitare sur l’épique « La Physique Anarchique » qui culmine à près de 13 minutes, tout cela pour une longue démonstration technique de haut-vol !
N’oublions pas de noter que le groupe fait ici appel à plusieurs comparses (Walther Gallay, MC Xela et Capitaine Etc), avec pour suivre l’entrée en matière d’un chant dans la langue de Molière qui se pose sur un arrière-plan légèrement psychédélique. Les orgues qui continuent à me fasciner, portant alors une narration en espagnol il me semble, à travers une courte plage aérienne. Retour de l’électro-rock et du funk, qui accompagnent cette fois un chant en mode rap ! La volonté est belle et bien ici de forcer le choc des cultures et des courants musicaux, avec un saxophone qui nous ramène vers le jazz des années 70.
Véritable jeu d’équilibriste, le rendu sonore des Suisses me transporte dans un autre univers où, tout ne fait qu’un ! Véritable cacophonie parfaitement maitrisée même si les musiciens se permettent manifestement l’incursion d’improvisations, le résultat n’en est que plus étonnant et positivement décalé. A l’image de ce texte parlé qui s’associe à une véritable jam-session s’accélérant d’une part, pour s’évanouir dans les brumes du saxophone. Textes revendicateurs et parfois crus toujours qui s’insinuent à travers un dédale sonore quelque peu déjanté, pour finir par le retour des sonorités funky.
S’il est clair que cet album n’est pas à mettre entre toutes les mains et que vous serez nombreux à perdre rapidement pieds, forcez-vous à rester la tête hors de l’eau pour absorber ce véritable bouillon musicale. La formation arrive ici et à travers la musique, à brosser des décennies d’Histoire musicale. Tout cela révèle un grand pouvoir d’imagination et de création, et il serait dommage de ne pas s’y risquer (le Bandcamp est là pour ça). Comme dit un certain danseur professionnel, ça j’achète !
– Penfield Le bandcamp
Pays: CH
Suisa 643261
Sortie: 2016/09/30