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NIHILISM – Beyond redemption

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Dans les années 1990, durant l’âge d’or du death metal, la France n’avait aucunement les moyens de rivaliser avec les groupes du genre (Death, Entombed, Obituary, Morbid Angel…). Le pays avait connu une courte vague métallique illustrée par des combos du style Satan Jokers, Attentat Rock, Blasphème, H Bomb ou Sortilège, mais tout cela était encore assez caricatural et lourdement sanglé dans du cuir rose ou des Spandex à rayures. Avec le temps, le pays de Philippe-Auguste et de Louis XIV a progressivement ouvert les bras aux différentes espèces de heavy metal qui sont nécessaires au bon équilibre mental de tout hardeux normalement constitué. Et en matière de death metal, la France peut ajouter une pièce de choix à son arsenal avec Nihilism.

Ce groupe, qu’il ne faut pas confondre avec des homonymes ukrainien ou canadien et surtout avec le mythique groupe suédois Nihilist, est formé à Thionville en 2009. Quiconque connaît Thionville, porte de France autrefois prospère grâce à la sidérurgie et aujourd’hui ramenée au statut de réservoir à chômeurs, sait que ce genre d’endroit est propice à l’ennui et à la dépression et donc à l’émergence de bons groupes de métal. Certes, cela peut aussi donner des groupes de rap mais à ce moment-là, on ne discute plus, on bombarde au napalm.

Composé de Sébastien Scherrer (chant et grognements de bœuf maudit), Sébastien Pasqualotto (guitare et boucherie en gros), Willy Lang (guitare et tronçonneuse), Stéphane Hubert (basse et haut fourneau) et Denys Clément (batterie et marteau pilon), Nihilism réalise en 2011 une première démo six titres « Twelve thousands », qui s’écoule à 200 copies sous le manteau (de cuir, bien entendu) à la vitesse du son (très lourd, bien entendu aussi). Le combo ravage les scènes locales, entre Est français et Ouest allemand, puis s’associe avec Dehumanize pour commettre un album partagé « Something old, something new, something borrowed » en 2014. La promotion qui s’ensuit permet à Nihilism de tourner en compagnie de jouvenceaux virginaux comme Nervecell, Crusher, Torment Of Souls, Absurdity, Hideous Divinity ou Ichor.

Désormais bien certain de son potentiel destructeur, le groupe lorrain sort enfin son premier album long format, un « Beyond redemption » qui va réveiller les têtes et faire souffrir les ligues de vertu. On a ici dans les oreilles un death metal classique estampillé Nineties, sans grande nouveauté mais tellement bon! Relativement trompeur avec son premier titre « Ocean’s war », qui pourrait faire penser à du black metal avec sa rythmique hyper-speedée, « Beyond redemption » ne tarde pas à s’engouffrer dans un tourbillon death du meilleur aloi, avec tout ce qu’il faut pour secouer la tête dans tous les sens et être persuadé que Belzebuth est en train de frapper à votre poste pour vous proposer le calendrier des postes. Les portes du cimetière s’ouvrent avec « Beyond redemption » et d’aimables zombies viennent vous accueillir avec des bouquets de fleurs pourries sur « The rebellion ». Au passage, des titres phares comme « The hanging tree », « The old tree died », « All will be done » et « Alea jacta est » viennent vous serrer le crâne dans un étau clouté et vous dispenser la fine fleur de cet album. Les riffs vicieux et gras, balancés à la cadence de tir d’une mitrailleuse lourde, les passages ralentis en quarte augmentée et le chant de forgeron possédé par des démons mésopotamiens entretiennent avantageusement les névroses et les tendances au massacre.

Cette mignonne aubade vous tient éveillé pendant trois quarts d’heure et peut s’écouter à toute heure de la journée : le matin en vous faisant headbanguer dans votre bol de café ou le soir en vous permettant de vous défouler à la hache sur votre voisin de palier après une rude journée de travail.

Pays: FR
Overpowered Records
Sortie: 2016/10/14

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