LILIUM SOVA – Lost between mounts and dales / Set adrift in the flood of people
Avec ce nouvel album au titre kilométrique, les Suisses de Lilium Sova vont à nouveau faire parler d’eux, ce qui est une excellente chose. Sur son précédent album de 2012, « Epic morning« , Lilium Sova annonçait la fin d’un cycle, celui de l’association entre basse, batterie et saxophone. Effectivement, sur « Lost between mounts and dales / Set adrift in the flood of people », les Genevois mettent en lice une nouvelle combinaison entre basse, batterie et violoncelle. La basse est toujours tenue par Cyril Chal, la batterie par Timothée Cervi et c’est Loïc Blazek qui remplace Michael Borcard en officiant à la fois au violoncelle (sur la première partie de l’album) et à la guitare (sur la seconde partie).
Le groupe se lance ici dans de nouvelles expériences qui ont trait au post-hardcore dans ce qu’il a de plus aventureux. Sur « Epic Morning », nous découvrions des ambiances assez jazzy avec la présence d’un clavier. Ici, dans ce nouvel album, nous sommes fracassés par un post-hardcore beaucoup plus radical qui lâche d’énormes coulées de basse rugueuse et rebondit sur des rythmiques hachées et chaotiques.
Nous parlions de deux parties dans cet album et il faut bien reconnaitre la présence d’une véritable schizophrénie du concept, qui oscille entre la campagne (suggéré par la premier partie du titre « Lost between mounts and dales ») et la ville (que l’on sent nommée dans la seconde partie « Set adrift in the flood of people »). L’image centrale du CD reprend d’ailleurs cette dualité avec une photo d’arbres à gauche et une photo de ville à droite. Paradoxalement, les six titres qui concernent la campagne paraissent plus tourmentés que les quatre autres couvrant la ville. Mais c’est une question de subtile nuance car tout au long de l’album, nos nerfs sont secoués par de formidables assauts sonores qui opèrent sur une alternance entre la violence et la langueur. La basse, dans cette architecture, joue un rôle primordial et c’est elle qui mène le jeu.
Tout reste instrumental, ce qui est la marque de fabrique de Lilium Sova, un combo qui parvient aisément à lâcher toutes sortes d’émotions par la seule force de l’instrument. Les choses ont été faites ici avec méticulosité puisqu’entre l’enregistrement des morceaux en août 2015 et la sortie de l’album, plus d’une année s’est écoulée. On sent d’ailleurs toute la précision d’horlogerie suisse dans le travail de mixage et de mastérisation fait par Kevin Galland et Raphaël Bovey.
Vous l’aurez compris, ce nouvel album de Lilium Sova se veut à nouveau passionnant. Il reste tendu du début à la fin et déborde d’idées intéressantes. De quoi satisfaire les amateurs de gros son et de compositions tourmentées.
Pays: CH
Cold Smoke Records
Sortie: 2016/10/01