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IMMOLATED MOTH – This broken mind (EP)

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Nous faisons ici appel à l’esprit charitable des auditeurs potentiels de cet EP d’un certain Immolated Moth, alias Thom Bleasdale, car ce disque n’est pas forcément un modèle de production léchée mais il a été réalisé par quelqu’un souffrant d’une maladie grave, la fibromyalgie. Thom Bleasdale joue dans des groupes divers (pop synthétique, hardcore, hip-hop) depuis l’âge de 14 ans et il se destinait à une carrière d’ingénieur du son jusqu’à ce qu’une erreur de diagnostic et un traitement médical inapproprié pendant trois ans ne manque de l’envoyer au cimetière à neuf reprises et le laisse finalement en survie mais atteint de ce mal incurable qu’est la fibromyalgie. Plus simplement, Thom Bleasdale souffre de graves disfonctionnements nerveux qui engourdissent les terminaisons nerveuses de ses membres et le laissent en état de perpétuelle fatigue.

Mais comme disait John Kennedy, il ne faut pas se laisser abattre et Thom Bleasdale se bagarre vaillamment contre la maladie en assouvissant son amour pour le métal avec ce projet Immolated Moth (Moth, pour l’anagramme de Thom). Le nom d’Immolated Moth (la mite immolée, étrange…) n’est pas forcément l’appellation la plus sexy de l’histoire du rock mais elle définit bien le combat de Thom Bleasdale face à la douleur et à la dépression.

Sur cet EP « This broken mind », Thom Bleasdale a tout fait lui-même, chant, instruments, production. Son état de santé l’a souvent précipité dans des phases cauchemardesques puisqu’il était parfois dans l’impossibilité totale de poser ses doigts sur un manche de guitare ou de faire bouger ses jambes sur des pédales de batterie, tant la douleur était insupportable. Mais Bleasdale a tenu bon et est venu à bout des trois morceaux de son EP, taillés dans un death metal sombre et chaotique, à la production rustique et à la sonorité primitive.

C’est précisément cela, la plus-value de cet EP : c’est ce défi lancé par un infirme à la cruauté de l’existence. L’homme marqué ne rompt pas, il ne se soumet pas et il lance aux oreilles du monde son death metal à lui, fait avec ses propres moyens, mais parfaitement défendable. D’ailleurs, les écoutes successives de « This broken mind » permettent de découvrir petit à petit toutes les subtilités laissées à la portée d’un musicien diminué mais qui est capable de placer ça et là des idées intéressantes. Ce pourra être le chaos initial des premiers moments d' »Overwhelm », les atmosphères étouffantes d' »Insignificant me » ou la progression de « Sleep » vers un paroxysme infernal.

Quand on pense à ce qu’a dû coûter en termes d’efforts physiques la mise au point de ces trois titres pour quelqu’un dont chaque geste représente un semi-marathon, il n’y a plus qu’à tirer son chapeau à ce musicien déterminé qu’est Thom Bleasdale. Il paraît que l’individu a d’autres projets en tête. On lui souhaite tout le courage dont il aura besoin pour continuer à nous faire partager son univers musical.

Pays: GB
Autoproduction
Sortie: 2016/09/19

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