LOST IN KIEV – Nuit Noire
Prenons si vous voulez bien du recul, car on en vient ici à un groupe et à une musique qui ne risquent pas de rester anodins. En effet et si les titres de l’album sont on ne peut plus clair (Narcose, Emersion, Insomnie, Catalepsie…), Lost In Kiev offre ici un album plutôt philosophique voir psychologique où le contenu sonore est en symbiose avec les thèmes développés. Des histoires de personnages, de conditions de vie…se colorent en fait d’un post-rock prenant des airs soit industriel, soit progressif.
Composé de Yoann Vermeulen (batterie et samples), Maxime Ingrand (guitares et synthés), Dimitri Denat (guitare) et Jean Christophe Condette (basse et synthés), le groupe qui a déjà sorti un album en 2012 et un EP en 2013 vient encore une fois porter une parole au départ sobre et lugubre. Une atmosphère pesante ouvre l’opus sur une musique plutôt minimaliste, puis des murmures et surtout une guitare aérienne apportent un côté post-rock et alternatif à l’ensemble. Puis tout s’accélère et empli l’espace sonore d’un post-hardcore lourd et tranchant telle une narcose, pour finir dans une ambiance mystérieuse.
L’insomnie nous guette à travers un post-rock étrangement rythmé grâce à une composition vachement entrainante (plus pop) qui introduit un léger chant radiophonique et de beaux arpèges aériens de guitares, guitares qui se font alors pesantes et métalliques pour revenir au post-hardcore. Ajoutons que si les synthés offrent ici un côté plus progressif, « Insomnia » est une franche réussite avec à la fois un côté atmosphérique et un côté plus pêchu ! On garde ensuite en intro ce côté progressif et spatial, pour relancer à nouveau cette guitare alternative qui s’incruste dans ma tête. Voilà encore une composition réussie, qui fait honneur au post-rock !
Plage titulaire pour suivre avec une nouvelle douche saturée et métallique construite sur des assauts moribonds de guitares et une section rythmique tonitruante. On reste dans ce qui fait mal aux tripes, en gardant toujours des moments plus légers et aériens afin de reprendre son souffle. Voyageant entre rock-atmosphérique et post-hardcore, les Français réalisent ici une musique qui déstabilisent et qui intriguent. Construisant des ambiances prenantes, la formation nous responsabilisent sur des sujets tels que la mort ou l’hypnose, grâce à une subtile architecture à deux niveaux où envol et puissance font cohésion.
Quel plaisir que d’écouter ces guitares qui s’envolent dans les cieux, et cette volonté d’imposer de telles atmosphères où le doute et la peur nous prennent à la gorge. Construisant un post-rock de toute grande beauté, aérien et puissant à la fois il nous transperce et nous transforme à tout jamais ! Littéralement déstabilisé et tremblant devant mon ordinateur en train de rédiger cette foutue chronique, je perds petit à petit le sens de la réalité.
La catalepsie (court interlude) débute par un récital au piano ici accompagné d’une narration minimaliste, puis on bascule dans le brutal avec ce savant mélange de post-rock et de post-hardcore qui s’évanouit grâce au retour du piano. Nouvel interlude spatial et atmosphérique cette fois, avant la dernière ligne droite qui nous permet à tout un chacun d’émerger de ce long labyrinthe qui va laisser des traces indélébiles.
Avec cet excellent album Lost In Kiev fait jeu égal avec les plus grandes formations américaines ou australiennes, offrant un post-rock hors-normes. Les amoureux du genre se devront de se précipiter sur la présente galette, car elle est à mon avis incontournable !
– Lost In Kiev Le Bandcamp
Pays: FR
Dooweet Agency/Autoproduction
Sortie: 2016/09/02