SCHNEIDER, Fred – Kess Kiss Bass ?
Fred Schneider est né à Metz en 1967. Après avoir étudié le violoncelle, il débute l’apprentissage de la guitare, puis s’oriente vers la basse, plutôt par accident. Il s’intéresse rapidement au Jazz et intègre le groupe Toxicomoon, une grande fanfare de Jazz Alternatif. Après diverses rencontres et associations, dont Taxi De Nuit et le Rippert Band avec lequel il enregistre deux albums, il publie son premier album solo en 1996, « Fred & Co ». Cette même année et jusqu’en 1998, il accompagne le guitariste Cyril Achard et participe ensuite à d’autres associations diverses. Il exerce également une fonction de démonstrateur pour un fabriquant d’instruments.
Plus on écoute cet album, plus on en apprécie la substance et plus on découvre l’éclectisme de l’artiste. En premier lieu, si les basses à quatre, cinq ou six cordes, avec ou sans frettes, restent ses instruments de prédilection, il en manipule également une flopée d’autres avec d’indiscutables compétences. En définitive, cela donne plus l’image d’un artiste complet que d’un bassiste spécifiquement dans son art.
Ensuite, si ses compositions et son jeu s’appuient toujours sur des Fusions Jazz-Rock, on ne peut absolument pas dire qu’elles soient figées précisément dans une époque, dans un genre ou dans une direction, ce qui nécessite d’ailleurs parfois adaptation et souplesse chez l’auditeur. Par contre, l’ensemble reste toujours très moderne.
Parmi d’autres, ses influences reconnues s’appellent, pour les bassistes, Stanley Clarke, Jaco Pastorius, Alain Caron, Jonas Hellborg, … et, pour le reste, John McLaughlin, John Scofield, Allan Holdsworth et Weather Report.
Voici le menu de ce copieux CD (70’52) :
- « Thanx » (3’13)
- « Food Prince » (4’07)
- « An Elephant Never Forget » (3’53)
- « Medication » (3’20)
- « Sweet Link » (5’57)
- « Bifidus Aktif » (4’17)
- « Pa by Ma » (F. Gire/A. Naceur/F. Schneider) (5’06)
- « At the Milk (olé !) » (3’45)
- « Quizzland » (3’38)
- « Froggy Style » (4’15)
- « Couleur Blue » (M. Campo/F. d’Ercole/F. Schneider) (3’07)
- « Fanfare and Slap » (4’29)
- « Fripatronik » (4’26)
- « Jusko File » (3’40)
- « Hola Dis Mais Hola » (3’34)
- « Zolifan » (5’01)
- « Muse et Ame » (4’56)
Sauf indiqué, toutes les plages sont composées par Fred Schneider.
Et en voici les participants :
- Fred Schneider : Basses, Guitares, Claviers, Programmation, Samples & Percussions
- Marc Campo : Guitares (5, 11)
- Fred Gire : Guitares (7)
- Cyril Achard : Guitares (14)
- Ahmet Ait Naceur : Drums (7)
- Fil d’Ercole : Drums (11)
- Eric Lebailly : Drums (14)
L’album démarre en douceur avec quatre pièces agréables bien que moins marquantes. « Thanx », plutôt répétitif, est suivi de « Food Prince », très teinté de Musique Classique et ponctué d’un somptueux solo de basse. La troisième pièce, « An Elephant Never Forget », frappe par son côté percussif et son orchestration. « Medication » permet d’apprécier toute la finesse du jeu de l’artiste dans un registre plus cool.
Les excellents « Sweet Link » et « Bifidus Aktif », très coulés, se situent dans la droite lignée d’Alain Caron. Les basses de Fred Schneider y sont à l’honneur et, dans le premier morceau, l’intervention de la guitare de Marc Campo, très Jazzy, est parfaite. La couverture de claviers y accentue la sensation de propreté et de pureté.
« Pa by Ma », tout aussi excellent, respire la perfection à la croisée des chemins de Philip Catherine, Allan Holdsworth, Bill Bruford et Jeff Berlin. Fred Gire et Ahmet Ait Naceur ont participé à la composition et à l’interprétation de cette perle avec Fred Schneider.
Avec « At the Milk (olé !) », Schneider montre qu’il a parfaitement compris et assimilé le monde de Jaco Pastorius et de Weather Report. Comme tout au long de cet album, son aisance sur de nombreux instruments étonne.
Dans une autre composition réussie, « Quizzland », Fred Schneider impressionne également par un solo de guitare très « Holdsworthien ».
Après un départ un peu dingue, « Froggy Style » navigue dans les mêmes eaux que Niacin. Fred Schneider y remplit tout à la fois le rôle de John Novello à l’orgue, Billy Sheehan à la basse et Dennis Chambers à la batterie.
La seule pièce Blues de ce CD, réussie également, s’intitule « Couleur Blue » et permet d’entendre à nouveau la guitare de Marc Campo et un magistral solo de batterie de Fil d’Ercole.
Le titre de la pièce suivante, « Fanfare and Slap » explique à lui seul son contenu. Particulièrement surprenant ! Dans le prolongement de la plage précédente, tout aussi réussi, inventif et un peu fou, « Fripatronik », apporte, en plus, de nombreuses sonorités retravaillées.
Joué en trio avec le guitariste Cyril Achard et le batteur Eric Lebailly, « Jusko File » sonne comme le John Scofield de l’époque « Loud Jazz ».
Après autant de pièces d’une qualité aussi élevée, surtout en ce qui concerne les dix dernières, on pouvait penser que Fred Schneider ne pourrait faire mieux. Et pourtant, aucune d’elles n’égale encore les trois dernières, exemplaires réussites autant au niveau de la composition, que de l’interprétation et de la variété des instruments.
« Hola Dis Mais Hola » s’installe avec une basse sublime, couverte par de belles touches de piano et des claviers, suivie par un solo de guitare à la Carlos Santana. Ce parfait schéma se prolonge ensuite. « Zolifan » est génial, dans la tradition de Miles Davis et Marcus Miller. Quelle composition ! Quel feeling ! Quelle mise en place ! Dans « Muse et Ame », Fred Schneider imprime un rythme plus carré où basses, piano, claviers et effets se côtoient avec force et inventivité.
En résumé, à mon sens, l’unique bémol que l’on pourrait éventuellement émettre sur cet album serait l’utilisation un peu trop importante de programmations et de samples. A part cela, seule une débauche de superlatifs flatteurs peut convenir. Un album et un musicien complet à découvrir absolument.
Pays: FR
Musea GW 3113.AR
Sortie: 2005/05