WILLIE, Jay BLUES BAND – Hell on wheels
Depuis une quinzaine d’années maintenant, Jay Willie exerce ses talents de guitariste au service d’un blues varié et cultivé, avec un art consommé de la reprise du titre qu’on n’entend pas partout. Fidèle à ce credo et à ses camarades qui l’accompagnent dans son parcours musical, Jay Willie revient encore une fois avec son album annuel qui, comme les précédents « The reel deal« (2010), « New York minute« (2013), « Rumblin’ and slidin’« (2014) et « Johnny’s juke joint« (2015), regorge de surprises et de petites perles tirées du répertoire blues et soul classique des Fifties et des Sixties.
L’équipe de Jay Willie est désormais bien en place, indéboulonnable même, et on retrouve avec plaisir les vieux spadassins Bob Callahan (guitare et chant), Ted Yakush (saxophone), Steve Clarke (basse), Jason Ricci (harmonica), Bobby T Torello (batterie et chant) et la sémillante Malorie Leogrande (chant). L’osmose entre les membres de cette équipe est totale et l’interaction des musiciens ne fait qu’être plus efficace au fil des albums. Ce principe va encore être confirmé avec ce nouvel album « Hell on wheels », qui explore davantage la soul et le rhythm ‘n’ blues que le blues rock proprement dit.
La preuve en est avec la sélection de reprises qui convoque le souvenir d’artistes tels que Johnny Otis (« Willie and the hand jive »), Cliff Nobles (« The horse »), Smokey Robinson (« The hunter captured by the game »), Al Green (« Take me to the river ») ou Little Sylvia (« A million tears », superbe ballade qui secoue les glandes lacrymales). L’attention est particulièrement portée sur la grande chanteuse Barbara Lynn qui aligna quelques hits mineurs durant les années 60. Pas moins de trois de ses chansons sont reprises ici, avec le chant toujours envoûtant de Malorie Leogrande : « You left the water running », « This is the thanks I get » et « You’ll lose a good thing », le plus gros succès de cette chanteuse née en 1942 à Beaumont au Texas, comme par hasard la ville natale de la plus grosse influence musicale de Jay Willie, Johnny Winter.
Le fantôme du célèbre albinos plane toujours sur les albums de Jay Willie, ce qui se sent dans les compositions originales du groupe, qui se distinguent par deux morceaux de Jay Willie (un dynamique « Hell on wheels » et un étonnamment funky et torride « 21 »), un titre de Bobby T Torello (« Alive again ») et un de Bob Callahan (« Everybody »). Les musiciens de Jay Willie font encore une fois montre d’une impeccable technicité et l’on reste subjugué par les performances harmonicistes de Jason Ricci, qui remplace à lui seul l’orchestre de 30 personnes qui avait joué à l’origine sur « The Horse » de Cliff Nobles, rendu ici dans une version chantée et dans une version instrumentale figurant en bonus.
On reste encore un fois dans un excellent niveau de culture musicale, de plaisir de jouer et de feeling débridé sur ce nouvel album, le quatrième de Jay Willie sur le label Zoho Roots, décidément un partenaire qui permet à Jay de s’épanouir en toute confiance. Et cerise sur le gâteau, la pochette de l’album est une des plus sympas de la discographie de Jay Willie. Il n’y a donc vraiment aucune raison de se priver.
Pays: US
Zoho Roots
Sortie: 2016/09/02