EGO MISS BLINDED – … A view

La région parisienne regorge de petits groupes de rock et de hard rock qui tentent par tous les moyens de se faire une place au soleil. Ce n’est pas forcément très facile dans un pays encore et toujours dominé par l’ombre de Johnny Hallyday, qui a irrémédiablement associé l’idée d’un rock français avec celui de la variétoche conformiste et niaise. Mais les lignes bougent et de petits combos fabriquent peu à peu une image de marque au rock hexagonal, comme cet Ego Miss Blinded, qui opère dans un registre rock costaud depuis 2013.

Le groupe se constitue autour de Phil (chant, ex-Iceland) et Jaff (guitare). Ces deux hommes s’associent afin de retrouver une fibre rock simple et directe. Parce qu’ils obtiennent des engagements scéniques avant même d’avoir un groupe complet, Phil et Jaff mettent rapidement la main sur le bassiste Shag (ex-Zuul FX) et sur le batteur Cédrico. Reste à trouver aussi un patronyme, ce qui sera fait avec le choix d’Ego Miss Blinded, un nom qui évoque l’abandon des égos au profit du groupe, les femmes et l’aveuglement de notre société moderne.

Contrairement à la plupart des groupes débutants, Ego Miss Blinded produit un album long format en 2015 avant de sortir un EP l’année suivante. Nous parlerons donc de ce premier album avant d’évoquer l’EP dans une autre chronique. L’album « … A view » est mis en boîte en trois jours mais cela ne signifie pas qu’il a été bâclé. La rapidité avec laquelle il est enregistré révèle plutôt une grande maîtrise musicale des membres d’Ego Miss Blinded, qui ont bichonné leurs compos jusqu’à les posséder jusqu’au bout des doigts, arrivant ainsi en studio hyper préparés.

L’osmose entre les musiciens issus d’univers différents a réussi à donner une belle cohérence aux morceaux de cet album, qui propose du rock chaud et du hard rock mélodique, empreint d’une grande gravité et dépourvu de toute vulgarité. « The road to the west » donne immédiatement le ton, avec ses riffs carrés, son chant rugueux et sa rythmique solide et élastique. On oscille entre stoner, hard seventies et métal fusion, une combinaison permise par la variété des ambiances développées sur ce disque. Ça balance du lourd (« Bad game », « Price to pay ») mais la mélodie n’est jamais sacrifiée sur l’autel de la puissance. Les morceaux plus cools ont parfois un petit aspect gothique à la Paradise Lost (« Sun of my existence », « Summer breath »). On sent aussi le sable du désert se glisser sous la porte et le souffle d’un vent chaud qui invite à prendre la route vers l’inconnu. Il peut exister par-ci par-là quelques titres plus faibles (« Gate of south », « My car against the wall ») mais ils ne sont pas nombreux et n’handicapent pas l’écoute générale.

Cet album marque des débuts encourageants pour Ego Miss Blinded, qui jalonne son territoire avec une musique bien à lui, entre rock classique et poésie urbaine.

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2015/06/15