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OCEAN – C’est la fin

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A entendre le rock puissant et carré qui traverse cet album « C’est la fin », on a du mal à imaginer qu’Océan n’est pas un groupe de petits jeunes qui en veulent mais une formation dont les origines remontent à la lointaine année 1974. Et on espère surtout que ce n’est pas la fin pour ce groupe qui effectue ici un incroyable come-back après bien des années marquées par une épopée rock ayant eu ses moments de grandeur, d’humilité et de drame.

Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler d’Océan, rappelons que ce groupe français fut au début des années 80 un redoutable concurrent de Trust ou de Téléphone, avec un hard rock magnifique qui trouvera sa manifestation la plus remarquable avec le formidable album « Océan », paru en 1981. Auparavant, Georges Bodossian (guitare, synthétiseur et chœurs), Noël Alberola (basse et chœurs), Bernard Leroy (batterie) et Robert Belmonte (chant et percussions) avaient fait leurs débuts discographiques en 1977 avec leur premier album « God’s clown », beaucoup plus progressif et zeppelinien que ses successeurs. En fait, arrivé trop tard pour rivaliser avec la première génération du heavy rock français (Variations, Dynastie Crisis, Triangle…) et trop tôt pour se mesurer à Trust, Océan a malheureusement été le groupe des rendez-vous manqués. Et pourtant, les choses s’annonçaient bien en 1979, avec la signature d’un contrat chez Barclay et la mise en chantier du deuxième album « Océan » (à ne pas confondre avec le troisième album de 1981 qui s’appelle aussi « Océan »), suivi du live « A live + B » la même année. Le hard rock d’Océan, avec son côté dramatique et plein de panache, attire l’attention d’un promoteur de concerts qui va placer le groupe en première partie de la tournée française d’AC/DC en janvier 1980 (la dernière avec Bon Scott). Puis Océan ouvrira aussi pour Iron Maiden sur la tournée The killer world tour au printemps 1981.

Paraît alors le troisième album d’Océan, véritable chef-d’œuvre du hard rock français, digne de Trust, débordant de titres fabuleux comme « Qu’on me laisse le temps », « Dégage », « Aristo », « Rock ‘n’ roll » ou « Attention contrôle » (qui dénonçait il y a 35 ans les contrôles d’identité et le flicage de la société auxquels tout le monde se plie de bonne grâce de nos jours après avoir avalé tout le discours relatif à la prévention du terrorisme). Mais encore une fois, Océan se retrouve ici en décalage temporel entre la fin de l’âge d’or du rock français (Trust, Téléphone, Bijou, Klaxon) et le début de la vague heavy metal (Satan Jokers, Blasphème, Sortilège, Attentat Rock, Square…) qui va déferler à partir de 1983. D’autant que le rachat de Barclay par PolyGram aboutit à un nettoyage des petits groupes sous contrat, dont Océan fait partie. De ce fait, en 1982, Océan met la clé sous la porte.

Quelques courtes reformations aboutiront finalement à un retour d’Océan au début des années 2000. Mais le décès du chanteur Robert Belmonte en 2004 met fin aux projets de nouvel album qui étaient dans l’air. Il faut attendre 2010 et la sortie d’un coffret récapitulatif de l’œuvre d’Océan pour voir le groupe revenir en première ligne. C’est un nouveau line-up monté par le vétéran Georges Bodossian qui fait son retour sur les scènes parisiennes en septembre 2010, donnant ainsi le signal d’un nouveau départ qui se concrétise cette année avec ce nouvel album « C’est la fin ». Et comme il fallait s’y attendre quand on connaît le talent d’Océan, ce disque est une véritable baffe de hard rock classique. Son énorme, compositions vives et imaginatives, chant qui s’approche de la voix d’exception de feu Robert Belmonte, pertinence des textes : c’est un Océan intact qui ressort des couloirs du passé, toujours aussi énergique, râleur et doué. Le groupe évoque les questions difficiles de notre époque : la société de l’homme transhumain (« Je crois que tu aimes ça »), l’avenir incertain (« C’est la fin »), l’égoïsme (« Tu n’penses qu’à ta gueule »), l’urbanisme déshumanisé (« La haine »). Un certain zeppelinisme règne (« Désillusions », « Fidèle à son nom »), ce qui ne gâche rien. Le disque déroule classe et force de frappe du début à la fin, un vrai bonheur.

Qu’on se le dise, Océan est de retour et il reste à espérer qu’il tienne le terrain un peu plus longtemps que par le passé. C’est décidément dans les vieilles fonderies qu’on fait le meilleur métal.

Pays: FR
Axe Killer
Sortie: 2016/04/15

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