SNURFU – Play this game
J’ignorais que le canton de Vaud fût situé si loin de nos riantes contrées. Car il a fallu deux ans à ce « Play this game » des Suisses de Snurfu pour sortir de son petit Roystone Studio de Charrat dans le Valais, braver les montagnes du canton de Vaud, longer le lac Léman, franchir le Jura français, gambader dans les Vosges, passer par la Lorraine, traverser le Luxembourg, goûter le bon air des Ardennes belges pour finalement atterrir dans la région de Bruxelles, sur la table de votre serviteur. Normalement, par DHL, ça prend 24 heures.
Mais la valeur n’attend pas le nombre des années et même si les auditeurs belges attrapent le train de l’actualité de Snurfu avec un peu de retard, ils ne regretteront pas le détour avec un groupe qui affiche sans scrupule et avec fierté des influences AC/DC, Guns ‘n’ Roses, Soundgarden, légèrement U2, un peu Aerosmith et ses avatars Ratt ou Poison et, il faut le dire, une petite pointe de punk. En gros, nous résumerons cet album suisse bien électrifié par une formule simple : Vaudois dans la prise.
Sur l’échelle de l’originalité, Snurfu ne fait cependant pas trembler la terre. Quand on sait l’âge du rock ‘n’ roll (60 ans et des bricoles), on se doute bien que le moindre recoin de cet empire électrique a déjà été foulé par des Santiags boueuses ou des Converse crasseuses. L’originalité n’est plus ce qu’elle a été mais il reste la sincérité. Et là, dans ce domaine, Snurfu affiche quelques prétentions sismologiques. Son deuxième album « Play this game » (après un « Bag of bones » de 2011) est inauguré à coups de fortes consonances AC/DC (la plage titulaire). On évolue ensuite dans une forêt dense où les riffs servent de lianes et où le chanteur vient rivaliser avec Tarzan dans la férocité des cordes vocales. Ça déblatère à coups d’hymnes glam (« Fruit of the gloom »), ça impressionne avec du gros lourd (« It’s OK ») ou ça part dans des courses motörheadiennes (« Strepto-cock », le jeu de mots préféré des carabins anglais vicieux). Citons aussi le raffiné « Shut the fuck up » et ses tambours tribaux, ou le tranchant « Friends » et on se retrouve face à un album éminemment sympathique mais qui risque de faire l’effet du coup d’un soir. Vous aurez beau vous dire que vous le reverrez peut-être sur votre lecteur CD ou MP3, le danger est grand qu’un groupe un peu plus couillu ou plus imaginatif ne maintienne ce « Play this game » dans les tréfonds oubliés de votre discothèque. Mais rien que pour le plaisir immédiat, ça vaut le coup.
Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2014/05/19