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GUNS LOVE STORIES – The beauty of irony

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Trop gentil pour être hardcore, trop lourd pour être pop punk, Guns Love Stories trouve sa voie dans le domaine intermédiaire du post-hardcore. Il convient ici de faire une petite digression musicologique sur la définition du post-hardcore afin de la différencier du postcore. Avec toutes ces chapelles qui se multiplient dans le monde du rock, on a tendance à ne plus trop s’y retrouver. Le post-hardcore, comme son nom l’indique, est censé prendre la relève du punk hardcore mais dans une version plus mélodique et plus adolescente. Son cousinage avec le metalcore est souvent avéré et on classera donc le post-hardcore dans la catégorie du rock énervé pour adolescent pré-pubère pas encore devenu hipster. Le postcore est de son côté assez différent, plus sombre, plus adulte et davantage lié à la création d’atmosphères liées à l’ambient, au dark ambient ou au doom et sludge metal. Ses figures les plus représentatives sont des combos comme Cult Of Luna, Neurosis ou Isis. Dans ce domaine, on n’est pas très loin non plus du mathcore (Mastodon).

Bien, une fois armé de cette distinction intellectuelle, on peut se livrer à l’analyse de ces jeunes Suisses de Lucerne qui ont fondé Guns Love Stories en 2011. Ce quartet composé de Thomas Zurfluh (chant), Moe, Phil et Jack pratique donc un post-hardcore proche de Polar Bear Club ou At The Drive-In, pour ne citer que quelques-uns des milliers de groupes qui fourmillent dans la catégorie post-hardcore/metalcore/emocore. Difficile donc de se distinguer au milieu de ces cohortes de groupes qui sonnent plus ou moins pareil. Mais Guns Love Stories ne se laisse pas démonter et sort un premier album en 2013. « A terrestrial journey » fait montre d’une énergie certaine, avec murs de guitare et chant hurlé alternant avec des phases plus mélodiques. Quelques idées de compositions intéressantes jalonnaient ce premier effort (« Post prime period », « Home is where the mothership is », « Let me go »).

Après avoir parcouru les routes de Suisse et d’Allemagne de concerts en festivals, Guns Love Stories revient avec de l’expérience acquise et ce nouvel album « The beauty of irony ». On retrouve l’énergie du premier album, avec également quelques titres frappeurs (« Predigested Hollywood », « Wear out your heart », »Shark bait »). Tout cela est sympathique bien que déjà entendu à maintes reprises mais ce que l’on pourrait reprocher à Guns Love Stories, c’est le ventre mou de trois ou quatre titres qui va occuper le milieu de l’album où la répétitivité s’installe et où tout finit par se ressembler un peu. On a ici affaire à un album un peu moins fin que le précédent. Notamment, le chant aigu utilisant toujours les mêmes trucs a quelque peu tendance à irriter. Ici, ça passe ou ça casse, c’est une question de goût envers ce genre de vocalises. Heureusement, un massif « Candles and curses » placé en queue d’album réveille l’intérêt porté au disque. Le final « The beauty of irony » consolide également l’opus, au résultat un peu inégal mais néanmoins intéressant. Si Guns Love Stories avait franchi davantage la ligne rouge qui sépare son post-hardcore du metalcore, les choses auraient pu prendre un aspect plus catastrophique. Les meubles sont ici sauvés, en quelque sorte.

Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2016/04/08

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