COLOSSUS FALL – Hidden into details
De la riante Suisse nous parvient ce premier album long format de Colossus Fall, un combo postcore, mathcore et sludge metal qui nous rappelle que si la Suisse ne fait plus la guerre depuis longtemps, il se passe néanmoins des choses violentes dans les esprits de certains musiciens de la Confédération Helvétique.
Colossus Fall se forme à Genève en 2011 avec comme base David Moro (ex-Forge) et Philippe Suarez (ex-Amok). Le groupe fait transiter quelques membres furtifs jusqu’à une stabilisation avec l’arrivée d’Albert Serrano (basse), Christophe Laureau (batterie) et Mateo (chant). Le combo émet dans l’atmosphère un premier EP autoproduit en 2012, « Sempervirens ». On y repère assez aisément des influences en provenance de célébrités mathcore et sludge comme Mastodon, Keelhaul, Coalesce, Converge et Isis. Dans le genre, Colossus Fall affiche donc un pedigree parfaitement honorable.
On serait même tenté d’identifier aussi quelques traces de High On Fire à l’écoute de ce très bon « Hidden into details » qui rassemble neuf titres rugueux, complexes et animés d’une combustion interne irrépressible. Le groupe prétend trouver son inspiration dans les émotions que rencontrent ses musiciens. Vu le niveau de rage qui submerge l’ensemble, on imagine aisément les musiciens de Colossus Fall être inondés d’émotions susceptibles de les mettre en pétard à la moindre occasion. Un retard au bureau? Et vas-y que je te colle une chanson sur l’apocalypse et l’effondrement du système capitaliste. Une légère altercation avec la petite amie? Tiens, un morceau sur le massacre d’un lycée de jeunes filles pour se calmer. Un peu susceptibles, les gens de Colossus Fall…
Mais tout cela est bon pour la musique puisqu’il en ressort un album dense, tendu, parsemé d’accès de folie furieuse (« Nonversation ») ou d’engloutissement dans des marécages de haine sonore (« The errorist », « Vision of inhumanity »). Le chant ursidé et excité de Mateo laisse imaginer un petit nerveux qui saute partout. On l’appelle d’ailleurs Mateo el Nabo, ce qui en dit peut-être long sur son apparence. Quoiqu’il en soit, on n’aura aucune honte à se laisser conquérir par cette galette plombée et névrotique, qui révèle un groupe bien en place dans la défense d’un postcore radical et peu enclin à la négociation.
Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2015/09/02