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VAN WISSEM, Jozef – When shall this bright day begin

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En signant Jozef Van Wissem, le label Consouling Sounds met la main sur un gros poisson de l’avant-garde. Ce musicien néerlandais né en 1962 à Maastricht est un joueur de luth qui a placé cet antique instrument à cordes de la Renaissance dans une perspective post-moderne, au cours d’une œuvre riche développée depuis le début des années 2000. Il sort de l’ombre en 2013, lorsque le Festival de Cannes lui décerne le prix de la meilleure musique pour le film « Only lovers left alive » de Jim Jarmusch. Le réalisateur américain connaît Jozef Van Wissem depuis 2007 et ils jouent également de la musique ensemble. En 2012, ils réalisent trois albums en duo : « Concerning the entrance into eternity », « The mystery of heaven » et « Apokatastasis ». Ces disques ne sont qu’une parcelle de la discographie conséquente de Jozef Van Wissem, qui a à son actif une vingtaine d’albums, dont certains avec des formations comme Brethren Of The Free Spirit, Smegma, ou Bible Studies.

Le style de Jozef Van Wissem est résolument minimaliste. Son instrument de prédilection, le luth, a forcément une sonorité médiévale et c’est sans doute la raison pour laquelle la National Gallery londonienne lui a passé commande d’une pièce musicale servant à illustrer le célèbre tableau Les ambassadeurs de Hans Holbein, peint en 1533 et qui est resté célèbre dans l’histoire de la peinture pour son anamorphose représentant un crâne humain en bas du tableau. On y voit aussi un luth parmi les objets censés représenter l’état des connaissances et des arts humains au temps de la Renaissance.

Jozef Van Wissem sort donc cette année son nouvel album sur le label Consouling Sounds; dont la philosophie musicale se marie bien avec son style. La pochette de l’album « When shall this bright day begin » représente Van Wissem en tenue de moine, tête baissée et martinet de cordes à la main, dans une attitude d’humilité et de repentance. C’est cette atmosphère qui prévaut sur les huit morceaux de l’album. Des passages instrumentaux dépouillés et lents (« To lose yourself forever is eternal happiness », « You can’t remain here ») émettent une ambiance morne et fatiguée, à la rigueur monacale. Ces notes égrenées mollement évoquent un long cheminement sans but ou sans espoir, parfois bercé de paroles répétitives (« Detachment », « Ruins », avec la chanteuse Zola Jesus). Il en faut parfois peu, un demi-ton plus haut par exemple, pour réveiller l’espérance (« The ecstasy of the golden cross », marqué par des collages sonores). Les choses avancent ainsi au rythme de lents arpèges de luth qui semblent se répéter d’un morceau à l’autre, créant cette impression d’endormissement progressif (« On the incomparable nobility of earthly suffering »). Sans aucun autre accompagnement que son luth, Jozef Van Wissem instaure ici une atmosphère aride, usée. Mais il faut aller plus loin que cette première impression de sécheresse pour voir dans cette œuvre une sorte de souffrance rédemptrice, peut-être une mystique qui pousse à faire du dénuement un chemin vers la joie intérieure.

Peu facile d’accès, cet album laisse néanmoins des indices poussant à réfléchir et se veut une invitation à une certaine transcendance. Il est en fait plein de secrets et de messages, comme ce fameux portrait des Ambassadeurs de Holbein.

Pays: NL
Consouling Sounds
Sortie: 2016/03/17

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