BEYOND TURBINES – Beyond Turbines
Il faut constater que les projets restent nombreux dans l’univers des Fusions, même s’ils ne se prolongent pas toujours bien longtemps. L’envie constante de nouvelles rencontres et de nouvelles aventures artistiques l’emportent souvent sur l’objectif mercantile. Par ces habitudes, la proximité avec le Jazz est incontestablement plus marquée.
Avec « Beyond Turbines », nous avons affaire à un groupe de Fusion Jazz-Rock assez classique dans le style et dans la forme, haut de gamme et très international. Il comprend quatre artistes de deux générations différentes, issus de quatre pays (Italie, Allemagne, Etats-Unis et Australie) et de trois continents.
Les jeunes pousses sont Européennes. L’Italien Roberto Badoglio, initiateur du projet, principal compositeur, et l’Allemand Bjössi Klütsch représentent la troisième génération d’un style musical né à la fin des années soixante, pour partie au Royaume-Uni et pour partie aux Etats-Unis. Si Miles Davis reste la personnalité la plus marquante du genre, il avait su s’entourer d’acolytes particulièrement brillants (Chick Corea, Herbie Hancock, Josef Zawinul, John McLaughlin, Wayne Shorter, Dave Holland, Tony Williams, Lenny White, Billy Cobham, Jack DeJohnette, …) qui essaimeront en courants spécifiques tout aussi novateurs (Return to Forever, Mahavishnu Orchestra, HeadHunters, The Tony Williams Lifetime, Weather Report, Gateway, Dreams, …). Tout ceux-là servent encore et toujours de références.
L’Américain Steve Hunt et l’Australien Virgil Donati, au crépuscule de la cinquantaine, incarnent quant à eux la seconde génération, celle qui a plutôt côtoyé les disciples et installé le genre. Il ne le dira probablement pas lui-même, mais le mentor de l’affaire est sans conteste le (trop) discret Steve Hunt, claviériste de Allan Holdsworth dès la fin des années quatre-vingt et durant cinq années, collaborateur un temps de Stanley Clarke (le splendide album « If This Bass Could Only Talk »), membre du Mahavishnu Project, apprécié voici douze ans par des amateurs dont je fus sur la scène du Spirit of 66.
Tout ce laïus pour dire qu’au final ce CD est une totale réussite. Non la Fusion n’est pas morte, même si elle ne se réinvente plus comme ce fut le cas tout au long des années septante et quatre-vingt. Ici, les références se nomment Weather Report et surtout Allan Holdsworth. Bjössi Klütsch parvient même à sublimer son Maître tandis que Steve Hunt apporte vision, compositions, subtilité, finesse et fluidité, comme il le faisait en son temps derrière son leader de l’époque aux claviers. Virgil Donati, collaborateur récent de Allan Holdsworth, fait bizarrement ici office de converti. Acteur régulier du Jazz-Rock Metal de Planet X, Ring of Fire, Devil’s Slingshot, ou du Hard-Rock de Soul SirkUS, il calme ici ses ardeurs, affine son jeu, évite l’inutilement bruyant en ménageant ses cymbales ; bref, il s’intègre parfaitement dans le projet. Quant à Roberto Badoglio, il se classe déjà parmi les plus grands. Il étonne par la hauteur de ses compostions et, à la basse, par sa dextérité, sa prolixité superbe et sa flamboyance discrète.
En conclusion, nous nous retrouvons là devant un bien beau produit que les amateurs de Fusion dégusteront à coup sûr goulûment.
Les titres (66:53) :
- Berlin (Badoglio/Klütsch/Hunt/Podhostnik)(9 :05)
- Tyger (Badoglio)(12:08)
- Half Life (Hunt)(6:05)
- What We Used To Be (Badoglio)(10:22)
- Cobra Rings Twice (Badoglio/Klütsch)(6:37)
- Askja (Klütsch)(7:40)
- Zawinul (Hunt)(6:38)
- State of Heart (Badoglio)(8:18)
Les interprètes :
- Bjössi Klütsch : Guitares
- Steve Hunt : Piano & Claviers
- Roberto Badoglio : Basse
- Virgil Donati : Batterie
Pays: US
AbstractLogixSpice-Rack Records sr-101-39
Sortie: 2015/09/21