GRIMNER – Frost mot eld
Aborder un groupe comme Grimner soulève immanquablement la question du goût et des couleurs. Le folk metal viking de ce groupe enchantera les amateurs du genre et rebutera ceux qui y sont complètement étrangers ou y goûtent peu ou pas du tout. Mon collègue Michel Serry qui avait chroniqué le premier album « Blodshymner« fait partie de la première catégorie, je fais partie de la seconde…
Mais n’y voyons pas une fatalité mais plutôt un défi pour l’ignorant que je suis en matière de folk metal viking. Ma méfiance ne vient pas du fait que la musique de Grimner soit du métal, bien au contraire, mais plutôt du fait qu’elle est très marquée par un certain folklore celtique dont l’association avec le métal m’a toujours parue bancale. Et ce qui vaut pour le métal le vaut aussi pour le punk (vous n’arriverez jamais à me faire adhérer aux Dropkicks Murphy ou à Flogging Molly, par exemple). Mais c’est une question de goût et de couleurs et ce n’est pas parce qu’un critique rock se trouve empêché par ses convictions profondes qu’il doit forcément dédaigner les genres dont il ne se sent pas proche.
Grimner signe ici un deuxième album dans la veine de son précédent, où le métal s’enrobe de sonorités folk marquées par les flûtes et les cornemuses. L’aspect métallique est assuré par un solide mur de guitares, un chant de guerrier excité par l’hydromel et des paroles qui parlent du courage des ancêtres, de la joie de partir au combat et du plaisir de saccager quelque village normand après une rude journée de navigation en drakkar. C’est du moins ce que l’on peut supposer car les paroles en suédois restent hermétiques à qui ne pratique pas la langue. Après un démarrage que je qualifierais de lourdement celtique, les choses prennent un aspect un peu plus agréable à mes oreilles, avec des titres comme « Enhärjarkväde », « Midgård brinner » ou « Mörkrets hem ». L’album parle en fait de Ragnarök, qui est la fin du monde dans la mythologie viking. Donc, il y a du saccage de village, j’avais raison.
Ne négligeons pas non plus la production qui est agréable et bien costaude, assurée par Alexander Oriz aux studios Berghem à Jönköping dans le sud de la Suède. L’ambiance du disque est festive et entraînante (« Vargarnas tid »), ce qui permet quand même de passer un bon moment, qui peut tourner à la déconnade si on est entre potes et que quelques bouteilles d’aquavit traînent dans le coin. Ted Sjulmark (chant et guitare), Marcus Asplund Brattberg (guitare et chant), David Fransson (basse), Kritstofer Kullberg (claviers), Johan « Rambo » Rydberg (flûte et cornemuse) et Henry Persson (batterie) réalisent donc ici du bon boulot pour ceux qui apprécient le genre métal celtique. Pour moi, c’est un peu trop jovial et pas assez dépressif. Mais les Scandinaves ont aussi le droit de se marrer de temps en temps.
Pays: SE
Despotz Records
Sortie: 2016/03/25