MORRISSEY – Live At Earls Court
Enregistré en public à Earls Court à Londres le 18 décembre 2004 en présence de 17183 spectateurs, cet album produit par Peter Asher est excellent. Le nombre de spectateurs est écrit au dos de la pochette mais on ne précise pas si c’est de l’humour anglais. Sont inclus sept titres d’un autre excellent album sorti la même année, « You Are The Quarry », dont la chronique figure sur ce site. Trois titres sont extraits de la version de luxe sortie dans la foulée de ce même album. Rien n’a été ajouté en studio.
Question personnel, Morrissey, chant, est entouré de Boz Boorer, guitares côté gauche, congas, clarinette, choeurs (côté gauche ?), Jesse Tobias, guitares côté droit, Gary Day, basse, Deano Butterworth, batterie, et Mikey V. Farrell, claviers, percussions, trompette, choeurs.
Le concert démarre par une intro parfaite aux synthés avec « How Soon Is Now? », un magnifique morceau nostalgique du temps des Smiths interprété avec beaucoup de feeling. La réaction du public est à la mesure de la prestation de Steven Patrick Morrissey, qui passe ensuite à un extrait du nouvel album, « First Of The Gang To Die ». Même si c’est loin de représenter le meilleur possible, il met de l’ambiance. C’est essentiel au début d’un concert, même si avec Morrissey on n’est jamais très loin du low key.
Dans un registre différent, sur « November Spawned A Monster », il met moins l’accent sur la mélodie et beaucoup plus sur les paroles, assez désespérantes au demeurant. On peut dire la même chose de « Don’t Make Fun Of Daddy’s Voice ». Vient ensuite un titre phare, « Bigmouth Strikes Again », très applaudi, sur lequel on retrouve la verve douce amère qui a fait la gloire des Smiths et leur a permis de décoller pour devenir un groupe majeur des eighties.
« I Like You » n’est pas non plus le meilleur titre possible mais positionné là à la fin du premier tiers de l’album, il semble bien à sa place. Il déclenche en tout cas l’enthousiasme du public. « Redondo Beach » est un hommage à Patti Smith, grande par le talent. Il s’acquitte bien de sa tâche, sans atteindre des sommets. « Let Me Kiss You » est autrement plus intéressant, par ses soli de guitares et sa mélodie imparable.
« Subway Train » est une version d’un titre des New York Dolls, auxquels il voue une admiration sans bornes. Il est l’artisan de leur retour sur scène. « Munich Air Disaster 1958 » évoque une catastrophe aérienne fatale à une grande partie de l’équipe de Manchester United au retour d’un match joué à Belgrade. Après une escale, peu après le décollage, l’avion s’est écrasé aux environs de Munich. Parmi les rescapés, ou plutôt les miraculés, figuraient Bobby Charlton et le manager Matt Busby, les plus connus. Décimée, la jeune et talentueuse équipe anglaise a mis des années pour refaire surface. Ces deux titres mêlés remportent un succès mérité. Il sait manipuler les foules, Steven Patrick. Quel charisme !
« There Is A Light That Never Goes Out » suscite l’enthousiasme d’un public survolté entre les morceaux mais muet quand leur vedette chante. La mélancolie transpire de ce morceau très connu. Il a contribué à faire la gloire des Smiths. Moins connu, « The More You Ignore Me, The Closer I Get » ne comporte pas spécialement de mélodie inoubliable mais c’est un morceau agréable à écouter. Ceci dit, je déteste quant il rrrroule les rrrr.
« Friday Mourning » porte bien son nom et justifie entièrement le ton bad mood qui entoure ce morceau plus que sombre. « I Have Forgiven Jesus », extrait de son dernier album, appelle aussi les applaudissements. C’est à une véritable communion avec le public que l’on assiste. Il réussit l’exploit de parler au public dans une salle trois fois comme Forest National. Intelligent et persuasif, notre Morrissey. Une ovation suit cette interprétation cinq étoiles.
Idem pour « The World Is Full Of Crashing Bores », titre plus élaboré, à la mélodie moins accrocheuse. C’est là que son charisme et son talent se remarquent le plus, en faisant accepter des morceaux peu populaires. « Shoplifters Of The World Unite » est un titre plus connu et son succès ne se dément pas. Ici aussi, sa prestation est remarquable mais il est bien soutenu tout au long du concert. « Thank you friends », dit-il pour finir.
C’est au tour de « Irish Blood, English Heart » de réveiller une foule qui n’attend que ça. Le côté politique du bonhomme n’est pas mort et il le fait savoir. Beaucoup plus doux, « You Know I Couldn’t Last » lui permet de souffler un peu. Il n’est plus tout jeune et il n’a plus à côté de lui John Maher, ou Johnny Marr, si vous préférez, pour donner le change par sa virtuosité à la guitare. Ceci dit, ce morceau est brillant car, selon son habitude, il y exprime des sentiments profonds. La fin, elle, est hallucinante.
Le très bon « Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me », avec son tempo lent et sa mélodie bittersweet, où Morrissey dévoile son aspect fragile, met fin au concert dans un enthousiasme indescriptible. Décidément, il avait besoin de ses fans pour retrouver avec panache la reconnaissance qu’il mérite, après avoir toujours refusé les compromissions. Ses derniers mots sont touchants : « Don’t forget me ». Ceux qui étaient présents ne risquent pas de l’oublier de sitôt. Go on, Morrissey. They love you!
Les titres :
- « How Soon Is Now? », extrait de l’album « Meat Is Murder » (1985), The Smiths
- « First Of The Gang To Die », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « November Spawned A Monster », extrait de l’album live « Beethoven Was Deaf » (1993), Morrissey
- « Don’t Make Fun Of Daddy’s Voice », extrait de l’album « You Are The Quarry (Deluxe Edition) » (2004), Morrissey
- « Bigmouth Strikes Again », extrait de l’album « The Queen Is Dead » (1986), The Smiths
- « I Like You », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « Redondo Beach », cover extraite de l’album de Patti Smith intitulé « Horses » (1975). Ce morceau est une composition de Lenny Kaye, Patti Smith et Richard Sohl
- « Let Me Kiss You », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « Subway Train », cover extraite de l’album des New York Dolls intitulé « New York Dolls » (1973). Ce morceau est une composition de David Johansen et Johnny Thunders / « Munich Air Disaster 1958 », extrait de l’album « You Are The Quarry (Deluxe Edition) » (2004), Morrissey
- « There Is A Light That Never Goes Out », extrait de l’album « The Queen Is Dead » (1986), The Smiths
- « The More You Ignore Me, The Closer I Get », extrait de l’album « Vauxhall And I » (1994), Morrissey
- « Friday Mourning », extrait de l’album « You Are The Quarry (Deluxe Edition) » (2004), Morrissey
- « I Have Forgiven Jesus », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « The World Is Full Of Crashing Bores », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « Shoplifters Of The World Unite », face B d’un single (1987), The Smiths
- « Irish Blood, English Heart », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « You Know I Couldn’t Last », extrait de l’album « You Are The Quarry » (2004), Morrissey
- « Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me », extrait de l’album « Strangeways, Here We Come » (1987), The Smiths
Pays: GB
Attack / Sanctuary ATCCD014
Sortie: 2005/03/29