KILL YOUR BOYFRIEND – The king is dead
Kill Your Boyfriend est un duo post-punk italien monté à Trévise en 2011 par Matteo Scarpa (ex-Wora Wora Washington, ex-The Transisters) et Antonio Angeli (ex-Mary Goes to Vietnam). Cette présentation succincte ne doit cependant pas cacher une caractéristique peu banale de ce groupe : toutes ses chansons ont pour titre un prénom masculin. A part « Kill your boyfriend », qui figure sur son premier EP sorti en 2011, le groupe a dispersé sur ses œuvres des titres du genre « Alexander », « Jacques », « Hansel », « Xavier », « Chester », « Dexter », « William », « Tetsuo », « Egon », « Henry », « Alan », « Charles », Frank », « Jesse », « Lewis », Neil », « Martin » ou « Rudolph », sans parler de « Isaac » et « Nicolas », deux titres qui figurent sur un CD partagé avec le groupe New Candys en 2011.
Etablir des listes de personnes à tuer, Kill Your Boyfriend le fait donc depuis 2011 et a à son actif un EP, un premier album éponyme sorti en 2013 et ce nouveau « The king is dead », déjà sorti début 2015 en Italie et maintenant disponible en Europe via le label Shyrec. On ne peut s’empêcher de penser au fameux album des Smiths, « The queen is dead », quand on voit le titre « The King is dead ». Mais ici, nous ne sommes pas dans la pop gentillette du groupe de Morrissey, mais plutôt dans les pesanteurs malsaines d’un post-punk puissant et glacial, assimilable au shoegaze de My Bloody Valentine rencontrant l’indus carnivore de Ministry.
Une intro à vous dresser les poils du corps vient placer une ambiance de terreur froide, le genre de truc où on s’attend à voir surgir à tout moment du placard un tueur fou armé d’un couteau de cuisine. Et puis c’est parti pour l’assassinat en règle des tympans et du subconscient avec des cavalcades de claviers robotiques surmontés d’un chant tantôt caverneux, tantôt pointu. « Alan » et « Charles » sont zigouillés dans une urgence cybernétique, tandis que « Frank » est longuement passé à la torture avant d’être envoyé ad patres par nos deux musiciens maniaques de Kill Your Boyfriend. Pour « Jesse », le trépas est encore plus lent, façon tribale.
Une autre introduction digne d’un film d’horreur de John Carpenter lance une seconde série de meurtres. « Lewis » est écrasé sous un rouleau compresseur de synthétiseurs lancés à toutes vitesses. « Neil » est lentement écartelé par des étirements électroniques volants. « Martin » est enterré vivant dans une terre glaise molle et poisseuse où moisissent aussi les ossements du Velvet Underground. Quant à « Rudolph », il est découpé à la scie sauteuse avant d’être évaporé dans une chaudière de claviers lourds et excités.
On ressort de ce disque comme on ressort d’un train fantôme peuplé de monstres électroniques et de robots saignants. Les gens de Kill Your Boyfriend n’ont pas leur pareil pour élaborer des ambiances frénétiques et tendues, mitraillées de rythmes rapides et nerveux. Leur vision du massacre tient plus d’Anders Breivik qui dégommait du militant de gauche à tout va sur l’île d’Utøya que de Landru qui prenait le temps de séduire ses victimes avant de les faire passer dans l’autre monde.
Pays: IT
Shyrec Records
Sortie: 2016/01/15