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BJORKLOF, Micke & BLUE STRIP – Ain’t bad yet

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Il n’y a pas à dire, c’est quand même dans les vieilles cuves qu’on fait le meilleur vin, et c’est chez les groupes blanchis sous le harnais qu’on fait le meilleur blues. Les jeunes candidats bluesmen mettent souvent une fougue mal maîtrisée dans leur musique parfois teintée de hard rock mais les vieux caciques n’ont pas leur pareil pour faire passer sans forcer des convois d’émotion, comme ça, juste avec l’expérience. C’est ce qui vient à l’esprit quand on écoute le dernier album de Micke Bjorklof & Blue Strip, combo finlandais qui défend les couleurs du blues depuis maintenant un quart de siècle là-haut, entre la mer Baltique et la Laponie profonde.

Les Finlandais n’ont pas la réputation d’être des expansifs ou en tout cas, ils le cachent bien. Avec Micke Bjorklof et son équipe, on se croirait en fait en compagnie d’une bande de joyeux lurons directement sortis d’un juke joint du Mississippi ou d’un bar louche de la Nouvelle-Orléans. Leur blues a eu le temps de prendre une patine chatoyante et rugueuse, acquise au cours de la fabrication d’albums dont le plus récent semble toujours plus authentique que le précédent. « From four until late » (1997), « Swamp baby » (1999), « Three times seven is » (2002), « Whole’ nutha thang » (2007) et « After the flood«  (2013) accueillent aujourd’hui leur petit frère « Ain’t bad yet ». Côté personnel, c’est une stabilité ministérielle exemplaire, toujours les mêmes mecs depuis quinze ans : Micke Bjorklof (chant, harmonica et guitar), Lefty Leppänen (guitares et chœurs), Teemu Vuorela (batterie), Seppo Nuolikoski (basse et chœurs) et Timo Roiko-Jokela (percussions).

Le groupe est allé se promener chez les Anglais pour concocter son nouvel album et s’est acoquiné avec le grand John Porter, producteur fameux qui a enfanté des albums de Buddy Guy, BB King, Taj Mahal, Santana et qui a sur sa cheminée pas moins d’une dizaine de Grammy Awards. Côté studio, on continue dans la légende avec le célèbre Rockfield du pays de Galles, où sont passés Black Sabbath, Rush, Oasis et Queen pour l’enregistrement de son éternel « Bohemian rhapsody ».

Autant dire qu’avec autant de bons éléments entourant leur karma, Micke Bjorklof et son groupe nous tressent ici un album aux petit oignons, d’une fraîcheur salvatrice, totalement ignorant des problèmes et des tristesses mondiales du moment et résolument ancré dans la bonne humeur et l’enthousiasme. « Last train to Memphis », « Troublemaker », « Rain in Jerusalem » constituent une mise en place savoureuse, qui préparent l’auditeur à glisser en douceur sur un lit de blues caramélisé et soyeux (« Get ya in da mood », « Hold your fire baby »). Le douillet « Ain’t bad yet » sert de ballade centrale, tout en beauté chavirante, avant que tout ce petit monde ne remonte à l’assaut à coups d’harmonica nerveux et de rythmiques funky (« Rat chase », « Sweet dream is a sweet dream ») ou de pedal steel du désert texan (« Today »). On termine sur des envies furieuses de se déhancher sur un parquet de danse (« Blame it on the bright lights ») et de chanter le gospel avec les casseurs de pierre de la prison d’Huntsville (« In chains »).

Cet album distille le blues comme les meilleurs contrebandiers transforment l’alcool à brûler en bourbon de concours. Une vraie gourmandise.

Pays: FI
Hokahey Records
Sortie: 2015

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