GUNN, Andy – Miracle of healing
Andy Gunn est un vrai bluesman car il vit le blues au plus profond de lui-même. Pourtant, ce n’est pas de son Ecosse natale qu’il tire l’inspiration qui fit s’exprimer les blues shouters du Delta, mais plutôt de sa santé fragile qui lui fait connaître des hauts et des bas. En effet, non seulement Andy Gunn est hémophile de naissance mais encore il a été contaminé par une transfusion de sang infecté par l’hépatite C, que les autorités sanitaires de son pays avaient acheté aux Etats-Unis.
Mais Andy Gunn ne s’est pas laissé anéantir par le désespoir, il a utilisé les longs moments de doute pour les retranscrire dans un blues sensible et rêveur. Son talent lui vient de longues heures d’écoute de Muddy Waters et de Lightnin’ Hopkins, un talent remarqué par la maison Pointblank, filiale blues de Virgin, qui lui paie un voyage à Memphis pour enregistrer un premier album. Ce premier essai, enregistré avec la section rythmique d’Al Green, sera un coup d’épée l’eau puisque Pointblank refuse de sortir l’album malgré d’excellentes premières réactions de la critique.
Revenu au pays un peu frustré, Andy Gunn oublie cette déconvenue en tournant avec de nombreux groupes. On le voit avec les survivants du Sensational Alex Harvey Band, le Midnight Blues Band de Gary Moore, Martin Stephenson (des Daintees) ou Errol Linton, quatre fois lauréat du prix du meilleur harmoniciste anglais. Andy Gunn retourne alors aux Etats-Unis pour s’imprégner de l’esprit du blues en jammant avec des groupes à Memphis, New York, Chicago, Nashville et la Nouvelle-Orléans.
Rentré en Ecosse pour mener le combat juridique lié à l’affaire du sang contaminé, Andy Gunn produit lui-même ses trois premiers disques, « Flip flop kinetics », (2001), « Bonar Bridge sessions » (2005) et « Regional variations » (2009). Il retrouve quelques années plus tard son camarade Martin Stephenson qui l’aide à produire son nouvel album « Miracle of healing ». Ayant rassemblé autour de lui une équipe composée entre autres de Neil Harland (basse), Kate Stephenson (batterie), John Steel (claviers), Stevie Smith (harmonica) et Martin Stephenson (guitare acoustique), Andy Gunn (guitare et chant) propose ici un album délicieux, aussi brillant dans les blues rock à la Faces (« Are we thru? ») que dans les ballades intemporelles (« Beyond the open door », « Freedom reality », des joyaux). Subtil et soyeux, Andy Gunn l’est aussi sur le syncopé « Brighter days » ou sur « Harmony of one », un morceau qui aurait pu avoir été écrit en 1973 sans que ça se remarque. « Planting the seeds » est plus dans une veine Dire Straits tandis que « Miracle of healing », avec son dépouillement et son rythme lent, est tout simplement bouleversant.
Les onze titres qui composent cet album « Miracle of healing » ont tous leur personnalité et ont tous quelque chose de fort à faire passer. Sans forcer, avec tact et retenue, Andy Gunn parvient à diffuser une énorme sensibilité dans ses chansons, nous transmettant son romantisme blues et faisant naître admiration et compassion, pour lui, le fragile qui regarde sa maladie avec mépris et lui jette son talent à la figure.
Pays: GB
Market Square Records
Sortie: 2016/01/29