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SLIVOVITZ – All you can eat

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Le mélange du jazz rock et de sonorités méditerranéennes ou balkaniques et la grande force de ce groupe Slivovitz, qui tire son nom d’un alcool de patate yougoslave qui rend aveugle mais qui est en fait originaire d’Italie. Le groupe se forme en 2001 à Naples, autour de Domenico Angarano (basse), Stefano Costanzo (batterie), Derek Di Perri (harmonica), Marcello Giannini (guitare), Pietro Santangelo (saxophone) et Riccardo Villari (violon). Les années passent et les albums s’enchaînent : « Slivovitz » (2005), « Hubris » (2009), « Bani ahead » (2011) et le nouveau « All you can eat » de cette année. Caractéristique commune à toutes les pochettes de ces albums, la présence d’un âne, en photo ou en dessin.

Les gens de Slivovitz, par contre, sont loin d’être des ânes en matière musicale. Leurs albums, spécialement « Hubris » (avec la chanteuse Ludovica Manzo) et « Bani ahead » (redevenu exclusivement instrumental) ont établi la réputation d’un groupe qui n’hésite jamais à pénétrer dans les profondeurs complexes du jazz rock tout en enrobant le tout d’atmosphères ethniques, comme si Miles Davis s’était soudain retrouvé à improviser avec une bande de fermiers bosniaques quelque part dans la vallée de la Drina.

Depuis 2009, le groupe s’est stabilisé avec l’arrivée de Salvatore Rainone (batterie) et Vincenzo Lamagna (basse), qui ont remplacé Stefano Costanzo et Domenico Angarano. C’est ce line-up, augmenté du trompettiste Ciro Riccardi, qui propose cette année le nouvel album « All you can eat ». Dès le premier morceau « Persian night », on comprend que Slivovitz a quelque chose de plus. Les arpèges orientaux qui se dégagent de ce titre captent immédiatement l’auditeur qui se retrouve emporté sur les routes de la soie, caressé par les savantes orchestrations et la lente montée des instruments ouvrant la voie à des solos tortueux de trompette et de saxophone. Le violon prend le relais sur le dense et agile « Mani in faccia », bien calé dans une texture serrée de cuivres dynamiques. Les sept minutes de calme relatif dispensé par « Yathzee » permettent de faire le point, avant que le groupe ne vienne planter quelques piques rythmiques sur « Passanante ». L’album expulse ses derniers joyaux sur le dernier tiers, avec trois titres travaillés au millimètre (un « Hangover » montagneux, un « Currywurst » solidement funky et un « Oblio » alternant humeurs atmosphériques et tensions rythmiques).

Au final, on a ici une œuvre forte, dense et équilibrée, révélant à chaque instant la rigueur technique des musiciens et leur art subtil de la distillation de sentiments puissants et inspirés. Mais quand on s’appelle Slivovitz, la distillation est évidemment un art complètement maîtrisé.

Pays: IT
MoonJune Records
Sortie: 2015/08/20

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