DHARMAWAN, Dwiki – So far so close
A l’aube de la cinquantaine, Dwiki Dharmawan est une pointure dans le monde du jazz rock indonésien. Alors qu’un foisonnement de musiciens formidables opère déjà dans ce domaine dans le pays (Dewa Budjana, simakDialog, Tohpati, Tesla Manal, I Know You Well Miss Clara), Dwiki Dharmawan est en quelque sorte le parrain du jazz fusion indonésien.
Il gagne ses premiers galons avec le groupe Krakatau, qu’il rejoint en 1985, à l’âge de 19 ans. Ce groupe de jazz rock commettra huit albums entre 1987 et 2005, se forgeant une réputation d’excellence en Indonésie. Cette réputation est due au talent de Dwiki Dharmawan, qui a déjà empoché un titre de meilleur claviériste de l’année au concours Yamaha Light Music de Tokyo en 1985, suivi du grand prix de l’Asia Song Festival aux Philippines en 2000.
Parallèlement à sa participation à Krakatau, Dwiki Dharmawan mène une carrière solo, matérialisée par les albums « Nuansa » (2000) et « World Peace Orchestra » (2009). Aujourd’hui, il revient avec « So far so close », collection de morceaux jazz rock parmi les plus authentiques du genre. Pour ce faire, Dwiki Dharmawan réunit quelques-uns de ses camarades les plus fidèles : Jimmy Haslip (basse), Chad Wackerman (batterie), Dewa Budjana (guitare), Tohpati (guitare), Jerry Goodman (violon) ainsi que I Nyomhan Winda qui intervient sur des instruments traditionnels indonésiens sur un morceau.
Le nom de Jimmy Haslip n’est pas inconnu des amateurs de musique. Cet excellent bassiste s’est forgé une réputation dès les années 1970 en jammant avec Tommy Bolin ou en participant à des formations rock comme Blackjack (où on retrouvait un Michael Bolton débutant). Fixé depuis plusieurs années chez les jazzeux de Yellowjackets (formé en 1977 par le grand Robben Ford), Haslip est désormais plus ou moins en retraite et se joint à des projets qu’il estime intéressants, dont celui de Dwiki Dharmawan.
Chad Wackerman est aussi un ponte parmi les batteurs, puisqu’il est un des rares batteurs à avoir satisfait aux exigences ultra-techniques de Frank Zappa (avec Terry Bozzio et Vinnie Colaiuta). Wackerman a aussi tourné avec les Australiens de Men At Work et participé à des albums d’Allan Holdsworth, Steve Vai, Andy Summers ou Dweezil Zappa. Quant à Jerry Goodman, ce violoniste a également une réputation flatteuse. Ancien du Mahavishnu Orchestra, il a participé à plus d’une cinquantaine d’albums (Styx, Hall & Oates, Jordan Rudess, Jan Hammer, Dream Theater…).
Avec en plus les deux surdoués indonésiens de la guitare, Dewa Budjana et Tohpati, Dwiki Dharmawan réalise ici un album particulièrement technique, de facture classique et qui finit par déployer tout son intérêt sur la longueur, en particulier avec les trois derniers morceaux. Ne croyez pas que les cinq premiers morceaux sont inintéressants mais ils sont fortement imprégnés de ce classicisme jazz rock des années 70 que l’on a déjà eu l’occasion d’entendre à maintes reprises. Extrêmement bien maîtrisés du point de vue technique, ils n’apportent cependant pas grand-chose au genre en termes d’innovation. Mais la dernière partie de l’album, avec le psychédélisme planant de « Jembrana’s fantasy », la dynamique irrésistible de « NYC 2050 » et les incantations tantriques de « The return of Lamafa », parvient à surprendre davantage.
Les amateurs de jazz fusion solidement technique et virevoltant seront ici comblés avec cet album au classicisme rutilant mais toujours plaisant.
Pays: ID
MoonJune Records
Sortie: 2015/10