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MOBY – Hotel (special edition)

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Personnel : Moby, composition, production ; mixage et enregistrement dans son studio (avec Brian Sperber) ; de plus, il chante et joue de tous les instruments. Parfois, il se fait aider par des invités, souvent des artistes peu connus. Il a abandonné les samples pour rendre ses chansons plus classiques.

L’ami de George W. et Eminem est fasciné par les hôtels et il aimerait connaître un peu les gens qui l’ont précédé, savoir ce qu’ils ont fait dans les chambres qu’il occupe quand il est en tournée. Alors, pour exprimer sa fascination, il fait un album dépouillé qui s’appelle « Hotel ». Il n’y a pas ici de morceau-phare propre à générer un enthousiasme délirant mais il faut lui reconnaître une chose : il n’a pas son pareil pour créer un climat propice à l’évasion.

Et puis, Moby a du cœur. Il a participé avec Lou Reed et David Byrne à un concert de charité pour le terrible raz-de-marée en Asie. Il a aussi une autre qualité : son mode de vie n’a pas changé depuis qu’il a du succès. Il a gardé les mêmes amis et vit toujours simplement, même s’il a vendu des millions d’exemplaires de certains albums. Bref, il n’a pas attrapé la grosse tête.

Hotel CD

« Hotel Intro » est un morceau instrumental assez court qui donne déjà une bonne idée du contenu, du climat qui prévaut sur l’album et de la façon dont Moby travaille. Il chante sur « Raining Again » parce qu’il est toujours jaloux du chant des autres. C’est lui qui le dit. On ne peut pas dire que ce soit le point fort de l’album. Pour le reste, c’est bien du Moby. Scott Frassetto s’occupe des live drums. Aux background vocals, Shayna Steele, Brian Sperber, Jason Candler, Kurt Uenala et Orion Simprini.

Déjà très connu par la radio, le mid tempo « Beautiful » est aussi chanté par Moby himself. Aux background vocals, Laura Dawn, Brian Sperber, Jason Candler, Kurt Uenala et Orion Simprini. « Lift Me Up » est aussi un hit single en puissance. Scott Frassetto : live drums. Aux background vocals, Shayna Steele, Brian Sperber, Jason Candler, Kurt Uenala et Orion Simprini. On doit « Where You End » à D. Ehrlich et R. Hall. Moby chante et Laura Dawn est aux background vocals. Pas mal.

Composé par Bernard Sumner, Stephen Morris, Peter Hook et Gillian Gilbert, « Temptation » est interprété très différemment et beaucoup plus lentement. Cela n’a presque rien à voir avec la version originale de New Order. C’est Laura Dawn qui chante, cette fois.

« Spiders » est aussi un morceau assez calme mais avec des passages plus appuyés. La mélodie est très belle et bien soutenue par les synthés, comme d’habitude. Aux background vocals, Laura Dawn, Brian Sperber, Jason Candler, Kurt Uenala et Orion Simprini.

Laura Dawn chante au début sur « Dream About Me », un titre où la mélodie est particulièrement soignée. Moby prend la relève au chant, puis les deux chantent de concert. De nouveau, les synthés donnent à ce morceau un caractère majestueux. C’est vraiment très beau.

« Very » est beaucoup plus rythmé et ressemble davantage à la dance music. C’est la voix de Laura Dawn que l’on entend. C’est mieux que la voix de l’auteur. « I Like It » crée une atmosphère très spéciale bien amenée par le rythme hypnotique tandis que la voix de Laura Dawn se fait racoleuse pour mieux nous séduire. Vu sous cet angle, chacun avisera en son âme et conscience.

« Love Should » est une ballade intéressante desservie par la voix du bonhomme. Dommage, chanté par quelqu’un d’autre, cela aurait pu être bon. Laura Dawn assure les background vocals. « Slipping Away » est aussi un morceau très agréable à écouter et déjà connu par ses passages en radio. Il se dégage de cette plage un climat nostalgique. C’est un des meilleurs morceaux de l’album. Background vocals par Laura Dawn et live drums par Scott Frassetto. Atmosphère remarquablement créée sur « Forever », avec des synthés qui distillent de magnifiques phrases musicales. Ajoutées à la voix assez faiblarde mais très persuasive de Moby, elles donnent parfaitement le change.

« Homeward Angel » est un instrumental magnifique rythmé par un embryon de thème joué tout en douceur et entrecoupé de passages très éthérés au piano électrique et aux synthés qui rappellent un peu le film « Trainspotting ». Cette atmosphère aérienne sert de brillante transition et prépare au CD ambient, de même que le titre caché. Tout en instrumental space music, le « Hidden track » est en effet de la même veine, avec sa musique cajoleuse et tranquille. L’album finit ainsi dans un apaisement total, troublé seulement par les caresses sublimes du thème répétitif qui lui donne son caractère hypnotique. A eux seuls, ces deux morceaux valent l’achat du CD.

Dans la version édition limitée, un deuxième CD est offert : Hotel Ambient CD, entièrement instrumental. Il vaut mieux l’écouter de nuit et ne pas oublier les écouteurs. Vos voisins préfèrent peut-être une musique plus calme comme AC/DC, Status Quo ou Metallica. Etant donné le caractère suggestif de la musique de Moby, mieux vaut ne pas les déranger, ils pourraient voir rouge.

« Swear » débute sur un tempo énigmatique donné par deux accords répétés « ad libitum », aidés par le piano et les synthés qui accompagnent le très court thème tout au long du morceau. Cela lui confère un aspect à la fois majestueux et troublant, même si les images jaillissent spontanément.

« Snowball » est tout en nuances. Ici, ce sont les synthés qui imposent le thème musical. Plus court que le morceau précédent, il est aussi plus varié et il donne différentes facettes d’une même ambiance. Le mystère est cependant bien présent et les bruitages n’éclairent pas la compréhension. Mais peut-être n’y a-t-il rien à comprendre ? Peut-être faut-il seulement écouter et laisser l’imagination faire le reste ? Peut-être.

« Blue Paper », avec cette façon de concevoir la musique qui rappelle inévitablement Brian Eno, est aussi un morceau qui sort du lot. Mais c’est bien Moby qui a tout fait, de la composition à la production. Eno n’est que l’instigateur lointain qui a donné l’exemple il y a bien longtemps.

« Homeward Angel (long) » est la version longue de l’avant-dernier morceau du premier CD. Il semble encore plus beau qu’en version courte. C’est sûr, ça rappelle l’atmosphère glauque de « Trainspotting » mais c’est surtout la pièce maîtresse du deuxième CD. Son rythme languissant et son déroulement sans anicroche provoquent la rêverie active. Il suffit presque de se laisser transporter là où on veut se rendre.

« Chord Sounds » est aussi basé sur un thème répétitif. Sans les samples qui la rendaient un peu artificielle, la musique de Moby n’est plus tout à fait la même mais cela n’enlève rien à ses qualités intrinsèques.

« Not Sensitive » débute sur des bruitages mêlés à des sons très éthérés. Pourtant, ils n’appellent pas d’émotion particulière mais simplement des impressions fugaces. « Lilly » est aussi un morceau moins riche en émotions même si la musique est très belle. La majesté des synthétiseurs fait apparaître son côté solennel et le reste son caractère éphémère.

« The Come Down » semble raconter une descente aux enfers tant la lenteur du rythme et son aspect spatio-temporel suggère un parcours parsemé d’embûches. La musique électronique du titre « Overland » envisage de nouvelles images et de nouveaux horizons à découvrir. Assez long, il est aussi apte que le précédent à engendrer une réflexion méditative et même introspective. Si vous cherchez de la musique de danse, ce n’est pas dans cette direction qu’il faut regarder.

« Live Forever » continue cette méditation sur fond de musique lente et très calme, sans verser dans la tourmente. Ce n’est pas fait pour la prise de tête mais pour le rêve. A ce point de vue, on peut difficilement faire mieux. Certains trouveront cela assez ennuyeux et beaucoup trop long, d’autres se complairont dans la rêverie stérile. Chacun trouve du plaisir où il peut.

« Aerial » définit bien son style. Ce long morceau constitue le point d’orgue d’un album de plus de septante-cinq minutes. On ne peut pas taxer Moby de fainéantise, en tout cas.

Cet album est avant tout destiné aux fans inconditionnels du plus célèbre descendant du pêcheur de baleines et à tous ceux qui aiment la musique ambient.

Pays: US
Virgin / EMI 07243 873480 2 8
Sortie: 2005/03/14

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