DISTRUZIONE – Distruzione
Voici une nouvelle qui aura déjà ravi les fans de death metal en Italie : la reformation du groupe Distruzione, qui avait contribué à la fin du siècle dernier à faire briller un tant soit peu la scène métallique transalpine. Formé en 1990 à Parme autour de Devid Roncai (chant), Massimiliano Falleri (guitare), Alberto Santini (guitare), Dimitri Corradini (basse) et Ettore Le Moli (batterie), Distruzione officie d’entrée de jeu dans un death metal old school d’obédience Entombed, Dismember ou Morbid Angel. Auteur d’un premier EP « Olocausto cerebrale » qui se vend plutôt bien en 1992 (un millier de copies écoulées en quelques semaines), Distruzione commercialise son premier album long format en 1996. « Endogena » est en quelque sorte l’un des piliers de la scène death italienne de la fin des Nineties, qui est animée à l’époque par des combos comme Sadist, Necrodeath, Bulldozer, Schizo ou Electrocution, tous de lointains ancêtres d’Astaroth, un des premiers groupes de heavy metal italien du début des années 1980.
La particularité de Distruzione est de ne formuler ses textes qu’en italien. Ça change de l’anglais mais ça n’a rien à voir avec du bel canto. En 2000, le groupe change de label et publie « Planeta dissolvenza » un opus qui tranche radicalement avec le premier album, avec une orientation plus death mélodique à la façon de l’école de Göteborg (In Flames). Pour les fans purs et durs, il y a de quoi s’immoler par le feu devant une telle trahison. Après le départ du chanteur Devid Roncai (remplacé par Francesco Colla), Distruzione lâche sur le monde son dernier album avant un long hiatus, « Malicidium ». Il y a une nette amélioration sur cet album mais Distruzione entre peu après dans un long sommeil.
Les Parmesans fous reviennent en 2011 avec un line-up sensiblement remanié autour des vétérans Massimiliano Falleri et Dimitri Corradini, qui ont réintégré leur premier vocaliste Devid Roncai dans leurs rangs et ont embauché deux nouveaux tueurs : Gianluca De Lillo (ex-Winter Haze) à la guitare et Dave Colombo (ex-Winter Haze, ex-Heretical Soul, ex-Noise Of Creation) à la batterie. La nouvelle équipe sort enfin ce nouvel album, quatrième de la lignée et tout simplement intitulé « Distruzione ».
Mettez des bottes en plomb et une ceinture de sécurité autour de votre chaise pour ne pas voler en l’air lorsque les riffs colossaux et la puissance tellurique de « Il signore delle mosche », premier morceau, viendra se précipiter sur vos tympans avec la rage d’un cavalier turco-mongol en pleine crise d’épilepsie. Ça commence effectivement très fort dans ce « Distruzione », qui révèle tout de suite que les Italiens ont retrouvé un certain mordant, pour ne pas dire un mordant certain. Mais ce n’est pas fini et on se prend dans les gencives 42 magnifiques minutes de brutalité triomphante, d’aplatissement massif et de murs de guitares monstrueuses qui retrouvent le classicisme du death des années 90, façon Entombed ou Celtic Frost (les phénoménaux « Verita e autorita » et « Homo mechanicus ». Tous les trois morceaux, les hommes de Distruzione sortent des cartes maitresses dégoulinantes de riffs brontosauriens. Ainsi, « Homo mechanicus » « Nel tuo nome » et « Comice de superbi » viennent couler nos petites oreilles sous une dalle de béton sonore d’où on ne ressort plus. Quant au final instrumental « I tre vivi e i tre morti », c’est le coup de grâce, le boulon géant qui ferme le couvercle de la chaudière infernale où l’auditeur est en train de cuire à petit feu.
Si vous avez envie d’apprendre l’italien en vous amusant et en vous spécialisant dans un vocabulaire plus particulièrement orienté sur la peur, la folie, le délire, la prostration, l’incertitude et les pompes funèbres, l’album « Distruzione » remplacera avantageusement n’importe quelle méthode Assimil (ou à cinq mille, pour ceux qui ont moins de moyens). Vous pourrez certainement être bon à l’oral et à l’écrit mais en compréhension passive, vous n’entendrez plus rien. Et tout ça grâce à Distruzione !
Pays: IT
Jolly Roger Records
Sortie: 2015/06/15