K (The) – Burning pattern etiquette
Après avoir ravagé nos tympans et notre subconscient avec leur excellent premier album « My flesh reveals millions of souls« , The K revient avec son deuxième disque « Burning pattern etiquette ». Voilà donc le moment crucial du toujours difficile deuxième album, soumis aux lois immuables qui font que l’on attend toujours au tournant des groupes qui ont brillé sur leur premier album. Et lorsqu’on se souvient des qualités exceptionnelles du premier disque de The K, le groupe liégeois est attendu par des légions de fans frétillants, bien planqués derrière les sacs de sable en vue de la grande déflagration.
Trois bonnes années ont passé entre le premier et le deuxième opus, ce qui a permis à Sigfried Burroughs (batterie), Sébastien von Landau (guitare et chant) et Geoffrey Mornard (basse) de déferler un peu partout sur les scènes belges et européennes et de réfléchir à leur condition et à celle de l’humanité. Cette réflexion est projetée sur ce deuxième album, toujours aussi frappant mais un peu plus circonspect que le précédent. Plus dans la retenue, « Burning pattern etiquette » n’en reste pas moins d’une violence marquée, passant davantage par le sentiment que par la démonstration.
Noisy, post-harcore ou grunge sont les qualificatifs qui reviennent à l’esprit lorsqu’on retrouve le style de The K. L’album a été composé à partir de la basse et on le sent bien au cours des morceaux, plus introvertis que sur le précédent album et dont le centre de gravité se situe davantage dans les rythmiques. « Intrusive behaviour » démarre l’album dans un fracas dansant et gras. Suivent alors une série de titres moins chaotiques, plus feutrés mais néanmoins inquiétants (« Flatter me (Caress me too) », « Prude », « The mermaid of Venice »). Le mid-tempo est de mise, avec un chant erratique qui semble chercher le vide en permanence. La rupture intervient sur les incantations outrées de « Sleeper hold », mélopée post-punk à la rythmique hypnotique et venimeuse. Cette ambiance délétère contamine la chanson suivante, un « 20 « of discipline » qui tourbillonne dans un maelstrom de colère impuissante. Les instincts punk reviennent sur « Priggish », doté également d’une touche nirvanienne, en attendant un dernier tiers d’album revenu au mid-tempo et à des récitations fielleuses de Sébastien von Landau (« Delusive meaning », « Bland young man », un « Pink hiss » psychiatrique placé à la fin). Le chant est effectivement le grand patron de toute cette affaire, avec ses sautes d’humeur imprévisibles et surtout cette capacité à donner une âme aux morceaux, en osmose avec les autres instruments qui participent également activement à cette architecture sonore languissante et désespérée.
En conclusion, oui, la grande déflagration a eu lieu mais elle est davantage passée par des vibrations internes que par des explosions manifestes. C’est le signe de la maturité, toujours souhaitée pour des groupes comme The K car si elle n’arrive pas, on se retrouve bien vite confronté à l’ennui.
Pour ceux qui souhaitent approfondir en live, The K sera engagé dans une vaste tournée automnale qui passera par la Serbie, la Slovénie et autres républiques ex-yougoslaves début octobre, puis la France mais reviendra vers la Belgique en novembre (Muziekodroom d’Hasselt le 6, Live Club de Liège le 21, Glimps de Gand le 11 décembre et Vecteur de Charleroi le 4 février 2016). De quoi se préparer à l’avance un joli parcours brûlant au cœur de la saison froide.
Pays: BE
Jaune Orange JO 042
Sortie: 2015/10/02