WILLIE, Jay BLUES BAND – Johnny’s juke joint
Le brave Jay Willie est plutôt disert ces temps-ci puisqu’il sort allègrement un album par an depuis 2013, avec son toujours fidèle Jay Willie Blues Band. Effectivement, après « New York minute« (2013) et « Rumblin’ and slidin’« (2014), voici « Johnny’s juke joint », nouvelle production de Jay Willie pour le label Zoho Roots.
Le titre de cet album demande déjà quelques éclaircissements. Un juke joint, rappelons-le, est une sorte de cabaret bon marché que l’on trouvait dans la région du Mississippi, où les Noirs revenant des champs de coton avaient l’habitude d’aller se saouler en écoutant du blues. Et Johnny est tout simplement un hommage à Johnny Winter, la plus grande influence de Jay Willie, comme nous avons pu l’expliquer dans la chronique de l’album « The reel deal« , un album de Jay Willie paru en 2010. C’est aussi et surtout une façon de rendre hommage à ce précieux bluesman disparu l’an dernier.
La confection de ce nouvel album a été faite par Jay Willie selon une optique qui devient peu à peu caractéristique. L’homme ne compose que quelques titres originaux mais a massivement recours aux reprises, comme il l’avait fait sur son précédent album. Et il travaille avec une équipe de vieux habitués qui ne cesse de grandir. On retrouve ici les fidèles Bob Callahan (chant et guitare) et Bobby Torello (batterie), qui formaient le cœur du combo lors de sa création. Se greffe à ceci Steve Clarke (basse), qui jouait sur « Rumblin’ and slidin' » et accompagne habituellement Jay Willie en concert. Et également Jason Ricci (harmonica), déjà embringué dans les deux précédents disques et Ted Yakush (saxophone), que l’on retrouvait aussi sur « Rumblin’ and slidin' ». Ce précédent album ayant accueilli une chanteuse en la personne de Suzanne Vick, Jay Willie renouvelle l’instant féminin avec l’incorporation de la belle Malorie Leogrande, qui vient poser sa voix douce sur quelques titres.
Côté chansons, il y a lieu de signaler une grosse majorité de reprises qui vont du plus évident (« Wooly Bully », « People get ready ») à des choses plus raffinées et moins connues, comme « You got me dizzy » de Jimmy Reed, « One more mile » de Muddy Waters, « Barefootin' » de Robert Parker (1965), « I got a stomach ache » de Junior Wells (1966), « Nobody but you » de Dee Clark (1959), « Succotash » de Roy Milton (1957) et bien sûr une reprise de Johnny Winter (« I love everybody »), sans parler de l’obligatoire reprise de Robert Johnson (« Me and the devil »).
Jay Willie ne signe que deux titres de son cru mais le slow « Upside of the ground » et l’athlétique « Hold on to watcha got » rivalisent avec les classiques et permettent à Jay Willie de donner libre cours à ses acrobaties guitaristiques inspirées de Johnny Winter.
Autrement dit, nous tenons ici un autre solide album de Jay Willie et de son équipe, qui perpétuent le rite du blues à travers les âges et lancent à nouveau sous les feux de la rampe ce vénérable bonhomme qu’est le blues, toujours prompt à surprendre et à séduire malgré son grand âge.
Pays: US
Zoho Roots
Sortie: 2015/08/25