MIDAS FALL – The Menagerie Inside
Midas Fall est un quatuor originaire d’Écosse, aujourd’hui basé à Manchester au Royaume-Uni, qui sort en 2015 son troisième opus, intitulé «The Menagerie Inside». S’il y a bien quelque chose qui caractérise la musique de ce collectif, c’est sa grande originalité qui la rend impossible à classer. Alliant puissance et fragilité, le son hypnotique de Midas Fall a un côté post-rock, teinté d’éléments progressifs et gothiques. Parmi les influences perceptibles, on peut citer Cocteau Twins, Caspian, Daughter, A Perfect Circle, Jenniferever, Aereogramme ou encore Evanescence.
Les membres de ce groupe hors du commun sont Elizabeth Heaton (voix/guitare), Rowan Burn (guitare/piano), Steven (Pedro) Pellatt (batterie et percussions) et Chris Holland (basse). Les compositions sont fluides, aériennes. Quand le rythme s’accélère, la composition prend un petit côté qui rappelle certains titres de l’excellent Alan Parsons Project, comme sur le début de «Push», le morceau qui ouvre l’album. Le côté rock progressif est aussi très présent sur ce premier titre, servi par un superbe accompagnement au piano qui se même aux riffs de guitare.
Teintée de rock alternatif, «Afterthought» est une jolie composition en crescendo dans laquelle la voix d’Elizabeth Heaton est particulièrement envoûtante. «Circus Performer» est un autre morceau très représentatif du style très particulier qui fait la griffe du groupe. La composition fait la part belle aux parties vocales, tandis que les instruments assurent avec discrétion et efficacité l’encadrement musical. «Counting Colours» un morceau d’une incroyable douceur, l’émotion est palpable. Certaines inflexions de voix rappellent clairement le timbre d’Amy Lee d’Evanescence. Peut-être peut-on trouver ici aussi un lien de parenté éloignée avec certains titres d’Enya.
«Low» sonne beaucoup plus métal par ses riffs de guitare en intro. Mais le groupe aime désarçonner et le couplet est d’un style beaucoup plus calme, presque craintif. La voix de la chanteuse se réduit par moments à un léger murmure. Le morceau se poursuit dans un genre beaucoup plus prog. «The Morning Asked And I Said ‘No’» commence tout en douceur, de manière très intimiste. Quand la voix monte au refrain, elle me fait penser à la voix de Dolores O’Riordan des Cranberries. Malheureusement, à force complexité et de longueur, l’auditeur que je suis se sent quelque peu largué en cours de morceau et une certaine lassitude s’installe, sans doute par manque d’expérience de ce style de musique très pointu.
Retour à un morceau de facture plus traditionnelle avec «Tramadol Baby» qui me rappellent certaines compositions du groupe britannique Magenta. «Half A Mile Outside» est une balade superbe dont le son et l’ambiance évoquent chez moi la musique du film «Bagdad Café». «A Song Built From Scraps Of Paper» démarre par une belle intro guitares/piano. Comme sur le morceau précédent, beaucoup d’émotion ici aussi. Une composition très réussie. «Holes», un titre très court pour le morceau qui ferme la marche sur des guitares à la U2.
Malgré quelques longueurs et un côté mélancolique pouvant induire par moment une certaine lassitude chez l’auditeur, cet album est d’excellente facture, avec des compositions soignées interprétées dans un genre très original qui évoque le son de plein d’autres groupes, sans jamais sombrer dans la copie ou le plagiat. La voix exceptionnelle d’Elizabeth Heaton est le centre de l’univers « Midas Fall », autour duquel gravitent des musiciens talentueux et efficaces. Une découverte intéressante pour les amateurs de cocktails de rock alternatif et prog avec un côté intimiste. Cependant, compte tenu du créneau particulier de cette musique, il y a fort à parier que ce CD restera confiné aux connaisseurs et à quelques curieux.
Pays: GB
Monotreme Records MONO-98
Sortie: 2015/09/04