GARADH – Need a change

La crise économique aidant, de plus en plus de groupes se débrouillent pour sortir des albums en essayant d’éviter de trop gros frais de studio ou de tomber sous la coupe de labels un peu trop dirigistes qui transforment leur inspiration de départ en gentille musique dépourvue de contenu. L’une des techniques pour trouver de l’argent est le site de cofinancement, où l’internaute donne son obole pour que le disque voie le jour. En donnant un petit peu, il reçoit comme récompense le disque chez lui. Et plus il donne, plus il reçoit de gratifications (un autocollant en plus, l’album dédicacé, son nom dans le livret du CD, la visite du groupe en concert dans sa cuisine, la copine du bassiste offerte pour la nuit, etc.).

C’est par ce biais que Garadh est venu à bout de son troisième album « Need a change ». Les linguistes distingués pourraient penser que ce groupe est écossais puisque son nom signifie jardin dans la langue de Sean Connery. Mais Garadh est suisse, genevois plus précisément, où il sévit depuis une dizaine d’années sous la férule des trois frères Edward, François et Matthieu Hay. Les deux premiers sont guitaristes et chanteurs, le troisième batteur et le rôle du bassiste est tenu par Yves Mabillard.

Le quatuor réalise son premier album « Ascent » en 2008, suivi de « The burden of absence » en 2012. A cette époque, Garadh était en contrat avec le label Blacksmithmusic et avait eu l’occasion de se faire connaître dans son pays grâce à son rock bien électrifié et ses prestations scéniques pleines de vitalité. Le troisième album « Need a change » veut bien dire ce qu’il veut dire. Les frères Hay ont voulu affirmer avec ce titre leur besoin de se dégager de l’emprise du système des labels et de produire leur musique en toute indépendance, afin de bien montrer sur disque ce que Garadh est dans la vie.

« Need a change » révèle donc les facettes de Garadh, qui apparaît comme un groupe à la fois puissant et romantique. Ce disque associe électricité féroce (« Broken angel ») à des choses plus tendres mais jamais ennuyeuses (la ballade « There is no reason », le reggae expérimental « Unbelievable dreams »). Edward et François Hay se partagent les vocaux, permettant à leurs compositions de gagner en variété. Les morceaux calmes ne le restent jamais en fait très longtemps car le groupe termine souvent ses titres dans des attaques électriques bien senties.

Mélodie et énergie sont au rendez-vous de ce disque, qui bénéficie au passage d’un travail rythmique souverain de la part du batteur Matthieu Hay. Cela ne veut pas dire que les autres musiciens sont des tanches, les instruments à cordes tirant aussi joliment leur épingle du jeu avec force solos fervents et solides lignes de basse.

Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2015/04/27