MOJO WAVES – All the right parts fit the wrong way
Dans les terres froides du nord de l’Europe, le rocker de base a souvent tendance à se laisser aller à des musiques morbides et tristes, flirtant lourdement avec le black metal ou le doom funéraire. Il y a cependant quelques petits excités qui préfèrent s’en tenir au punk rock, ce qui est tout à fait louable. En Scandinavie, on connaissait les Hives, Royal Republic ou les défunts Hellacopters, et il faudra sans doute bientôt compter avec les Finlandais de Mojo Waves, formation encore jeune qui commence peu à peu à faire parler d’elle parmi les ours des forêts et les pêcheurs de harengs de la Baltique.
Formé à l’automne 2011 par trois chevelus qui hantaient les bars d’Helsinki avec d’autres formations tout aussi douteuses, Mojo Waves démarre ses méfaits sonores avec une démo « Introducing » en 2012, suivie la même année du EP « Enjoy don’t destroy ». Le premier album long format « Lo and behold! » paraît en 2013 et révèle, comme les opus précédents, une tendance à mélanger stoner rock et garage punk. Le guitariste chanteur Arttu se distingue par une voix très aiguë, comme s’il s’était fait passer les roubignolles sous une presse d’aciérie. Ses camarades Juuso (basse) et Mikko (batterie) sont par contre plus classiques dans la démolition de leurs instruments, dans un style qui fait penser à la rencontre de Blue Cheer, Fu Manchu et Jane’s Addiction.
Avec ce deuxième album « All the right parts fit the wrong way », le groupe adopte une position plus nette en faveur du garage punk. Les premiers morceaux qui se chargent de la préparation d’artillerie concèdent des influences aux Datsuns, les Hives, Radio Moscow ou ce groupe punk anglais injustement méconnu qu’est Future Of The Left. Dès « 7×7 » (qui fait l’objet d’un vidéo clip), on est dans le bain : électricité à tous les étages et distribution de baffes sonores par une bande de gibbons surexcités. La foire d’empoigne continue avec les névrotiques « Heartquake » et « Lion’ eyes ». Le subtil changement en faveur de quelque chose de plus calme est à peine perceptible sur « Counting backwards » ou sur « In little pieces » qui suit un rythme plus lent et bluesy, mais avec toujours autant de folie douce dans le chant et les mélodies.
Les rythmiques colériques continuent leur travail de sape sur « Spacesuit » ou un « Sirenhead » que l’on trouvait déjà sur la première démo, dans une version plus brute et plus stoner. Les types de Mojo Waves ont eu raison de ressortir ce morceau au grand jour car il est tout simplement excellent. La fin de l’album se déroule selon les règles du gros riff (« Shallow waters ») et d’un slow psychédélique électrifié (« Days »).
Il faut s’habituer au registre très particulier du chanteur, entre Jello Biafra, Perry Farrell, Andy Falkous (Future Of The Left) ou Nina Hagen. Mais une fois l’habitude prise, on se laisse trucider avec plaisir par ces petits spadassins électriques que sont les Mojo Waves.
Pays: FI
Macaroni Penguin Music
Sortie: 2015/05/11