BELLY NOISE – Bilious attack (EP)
Belly Noise ne réalise ici qu’un EP mais cet opus est suffisamment dense et riche en bonnes surprises pour qu’on en assure un soutien digne des albums plus consistants. Formé à Lausanne en janvier 2013 par l’envoutante Liz Amaretto (guitare et chant) et le rugueux Tony Sharp (guitare), ce groupe est bientôt rejoint par le batteur Guy de Guisburg et le bassiste Fuzzy Max.
A eux quatre, les gens de Belly Noise tentent de ressusciter la glorieuse époque du grunge et ils le font plutôt bien. D’abord responsable du single « Grizzly bear/Gouge away », sorti en juillet 2014, Belly Noise lance un nouvel assaut avec « Bilious attack », un disque de quatre titres auxquels s’ajoutent les morceaux du premier single.
Les choses commencent sur les tons dramatiques et nerveux de « Bilious attack », un titre qui nous rappelle Sonic Youth au plus fort de sa carrière. Les guitares claquent avec fierté sur une rythmique tendue comme les nerfs d’un trader qui voit s’effondrer les cours de la bourse. Ça gifle tout autant avec « Be mine », encore plus accéléré et tendu mais également très lourd, comme une rencontre entre Nirvana et Kyuss. « Jofa » et « Grizzly bear » maintiennent allumé ce même genre de flambeau, avec des tonalités plus tourmentées et plus planantes pour ce second morceau.
Mais c’est avec les reprises que Belly Noise montre tout son art de la relecture des classiques. Leur interprétation bubble punk du « Please please me » des Beatles en moins de deux minutes chrono révèle que les Beatles de 1962 étaient en fait un groupe punk qui ne le savait pas. Une niaiserie comme « Please please me » devient en effet entre les mains de Belly Noise une œuvre ramonienne, basse du front et pétaradante, un moment pétillant tout en bonne humeur. La deuxième reprise revisite « Gouge away » des Pixies, extrait de l’indispensable « Doolittle », dans une approche par contre quasiment identique à l’original, au demi-ton près. La précision suisse, en quelque sorte…
Ceux qui laissent tourner le CD sur la platine après la fin du dernier morceau et s’en vont faire leur vaisselle trouveront un quart d’heure plus tard un morceau caché, joué à l’envers et en remettant encore pour six minutes d’étrangeté musicale. C’est pour cela qu’il fallait un peu insister sur les surprises de ce petit album, parce que Belly noise apparaît comme plein de ressources et se place comme un intéressant revivaliste des vestiges du grunge. Tout cela mériterait bien une suite.
Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2015/05/03