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TAMBOURS DU BRONX – Cor/Ros

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Au départ, ils ne devaient faire qu’un seul concert et retourner ensuite vers leurs occupations de petits loubards de la banlieue de Nevers. C’était il y a 28 ans. Aujourd’hui, les Tambours du Bronx sont non seulement toujours actifs mais ils en sont à leur quatrième décennie d’existence, et cela au service d’une seule cause : la percussion sur des bidons.

Histoire fascinante que celle des Tambours du Bronx. En 1987, une bande de blousons noirs zone dans la banlieue ouvrière de la ville de Nevers, un quartier surnommé le Bronx. Les ateliers de la SNCF qui s’y trouvent font une consommation élevée de bidons de 225 litres, qui finissent à la décharge du coin. C’est à partir de ce matériel consommable que naissent les Tambours du Bronx. Le premier concert nivernais de ce groupe de 17 musiciens est suffisamment encourageant pour faire perdurer le concept. Et c’est ainsi que 28 ans plus tard, les Tambours du Bronx surfent toujours sur la vague de la percussion, de la musique électronique et de l’indus, ayant accumulé plus de 1200 concerts, visité les cinq continents, joué dans des endroits aussi improbable que le Sahara ou le premier étage de la tour Eiffel, vu passer dans leurs rangs pas moins de 120 musiciens et réalisé sept albums. Ils ont aussi cassé 16 000 bidons et 140 000 baguettes, excusez du peu.

C’est précisément de ce septième album dont il est ici question. « Cor/Ros » est un double album qui présente un disque électronique (« Cor ») et un disque acoustique (« Ros »). Le nombre de morceaux est impressionnant, avec 31 titres, le plus souvent de courtes pièces instrumentales. Le premier disque fournit de nouveaux morceaux tandis que le second est une collection de titres enregistrés à diverses époques, entre 1990 et 2014. Parmi les surprises, signalons la participation de Jaz Coleman, chanteur de Killing Joke, sur le morceau « Human smile » et celle d’Andreas Kisser, guitariste de Sepultura, sur « Kaiowas ». En effet, les cogneurs des Tambours du Bronx ont eu l’occasion de collaborer avec Jaz Coleman en 2008, pour trois titres qui étaient restés inédits, puis avec Sepultura en 2011 et 2012, pour des shows communs lors de festivals à Rio ou au Wacken Open Air. Ces associations ont laissé des traces musicales qui sont aujourd’hui intégrées dans l’album « Cor/Ros ».

On reste impressionné par la puissance d’exécution de ces morceaux associant percussions brutes et aménagements électroniques. Avec une quinzaine de bidons cognés à toute volée, il ne faut pas s’étonner de voir les ambiances tribales prendre des proportions titanesques, environnées d’une pompe wagnérienne. On s’attend à ce que d’une minute à l’autre, Tarzan débarque avec ses éléphants et vienne mettre l’anarchie dans le voisinage. Les Tambours du Bronx relèvent un défi pas banal : rendre captivant et varié l’exercice par définition limité de la percussion sur bidon. Faites ça tout seul dans votre appartement et vous avez immédiatement le syndic, les pompiers et les huissiers sur le dos, avec la mine pas contente et les poings serrés. Mais les Tambours du Bronx, eux, savent faire. C’est sans doute à cause du nombre, car 17 musiciens parfaitement coordonnés ont toute latitude pour extraire de ces morceaux de tôle une certaine poésie, celle de la rudesse des usines, de la sauvagerie des forêts ou de l’instinct animal.

Certes, après une heure et quarante minutes de cognements primitifs savamment élaborés, on a le cerveau qui brinquebale un peu, avec les neurones rebondissant dans tous les sens. Mais l’expérience a son charme et mérite que l’on unisse les battements de nos cœurs à cette chamade primale et virile constituée par les Tambours du Bronx.

Pays: FR
At(h)ome Records
Sortie: 2015/03/16

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