SHOWSTAR – Showstar
Voilà une nouvelle qui va satisfaire les amateurs de rock belge : un de ses meilleurs éléments revient aux affaires en la personne de Showstar. Le groupe de Huy est réputé pour prendre son temps entre deux albums et après « We are ready« (2003), « Dot« (2006) et « Think Ringo« (2010), voici l’éponyme « Showstar » qui débarque à quelques jours du printemps.
Cinq ans, une demi-décennie, c’est en effet ce qu’il a fallu attendre pour voir naître un successeur à « Think Ringo ». Dès lors, les questions se multiplient. Qu’ont fait les membres du groupe entretemps? La traversée de l’Himalaya sur les mains? La lecture de l’intégrale d’Alexandre Dumas en version hongroise? Un séjour en taule pour apologie du terrorisme? C’est à la mode, en ce moment.
Non, rien de tout cela. Il semble que Christophe Danthinne (chant et guitare), David Diederen (guitare), Antoni Severino (basse et chant) et Didier Dauvrin (batterie) aient simplement pris leur temps, se soient repliés dans les profondeurs d’eux-mêmes pour méditer de nouvelles orientations musicales, découvrir d’autres voies d’exploration.
Car le nouvel album de Showstar est, en effet, autre. On s’éloigne ici de la pop légère et cristalline qui avait défini le style du groupe, qui optait volontiers pour une allégeance envers Blur, Placebo ou les aspects les plus tendres des Smashing Pumpkins. Sur ce nouvel album, Showstar profère au contraire un message plus tendu, plus angoissé. Sa section rythmique bâtit sur une douzaine de titres une atmosphère à la fois robotique et rêveuse, toujours prise à la gorge par une tension, une urgence qui fait comprendre que Christophe Danthinne et ses hommes n’ont pas forcément envie de rigoler.
L’ambiance serait plutôt au désabusement, à un certain cynisme. La voix juvénile et presque atonale de Christophe Danthinne égrène des paroles exprimant la monotonie (« Work, work, work until you die » sur « Adults ») ou la fatalité (« I dont like happy endings » sur « Happy endings »). La section rythmique, métronomique et sèche, est magnifiquement mise en valeur par le producteur Rory Atwell, solide artisan sonique (Palma Violets, Let’s Wrestle, The Vaccines) qui a enregistré le groupe durant onze jours dans une péniche sur les bords de la Tamise, à Londres. C’est un autre changement par rapport aux deux derniers albums de Showstar, qui avaient été confectionnés sous la console du producteur Gareth Parton.
On avait déjà pu se faire une idée du contenu de ce nouvel album avec la vidéo de « Happy endings », toujours aussi originale quand on connait les vidéos précédentes du groupe. Le découpage total d’une plante verte n’était pas forcément un message des plus gais, faisant de ce morceau un modèle de tristesse et d’amertume. On poursuit ce voyage dans la mélancolie avec des morceaux comme « Adults », « Mistakes on fire », l’excellent « Rumblings », « The trouble is » ou « Full time hobby ». La fin abrupte et crispée du dernier morceau « (I wish I was) awake » confirme l’ambiance générale de ce bel et triste album : ça ne va pas bien se passer.
Mais finissons sur une note optimiste : Showstar est prévu pour Dour 2015 et fera aussi un passage au Botanique de Bruxelles le 4 mars. Préparez vos mouchoirs (pour la transpiration, bien sûr).
Pays: BE
Vespasonic / Freaksville Music
Sortie: 2015/03/02