GRAND GEORGE – Coming in
« Un besoin impossible à ignorer », c’est ainsi que Grand George décrit son album dans la lettre qui l’accompagnait. Pour réaliser ce besoin, le chanteur multi-instrumentiste abandonne pour quelques temps un job confortable et les promesses d’une carrière honorable pour se tourner vers l’écriture de chansons. Rivé sur son ordinateur, entouré de ses instruments, il concocte patiemment une vingtaine de titres qu’il parvient à mettre sur bande avec la complicité de Nico L’Herbette (basse), Sam Rafalowicz (batterie) et la participation de Jean-François Assy qui vient donner un coup de violoncelle sur un morceau. Les choses se passent au studio Simonnes de Bruxelles, sous la houlette de David Minjauw qui s’occupe de l’enregistrement et du mixage, alors que c’est Grand George lui-même qui assure la production.
Et le résultat est tout à fait à la hauteur de la volonté de bien faire de Grand George, qui signe ici un premier album construit sur des ambiances folk et chansonnières, d’une limpidité et d’une candeur habitées par une grande force d’évocation. Ce qui marque d’entrée de jeu, c’est la voix du bonhomme, riche en personnalité, mélodieuse et saline, le genre Sting. Effectivement, quand on a une telle voix, on a bien raison de laisser tomber un boulot de gratte-papier perdu dans la grisaille d’un bureau anonyme. Il n’est pas dit que Grand George pourra vivre définitivement de son art, sauf s’il a fait fortune dans la haute finance, a épousé une riche héritière qatarie, a gagné à la loterie ou a réalisé en douce un nouveau casse du siècle. Mais il a eu mille fois raisons de céder aux appels de ses muses et d’avoir dévié sa trajectoire vers cette mer plus incertaine mais ô combien réjouissante qu’est la musique.
L’homme nous a tissé un voile aérien de chansons douces et feutrées, marquées par la joie de vivre (« Fading away »), la mélancolie (« Little boy »), la tristesse (« The old man ») ou des mélodies immédiatement mémorisables (« Feel so fine »). On passe par des moments forts comme la remarquable interprétation du poème « If » de Rudyard Kipling et on découvre une seconde partie d’album plus animée, avec « You’re so crazy », « Old friends » qui électrifie un peu les propos et le dramatique « Carry on », poignant à souhait. L’album se termine dans les douceurs de « Have your say », aux saveurs simoniennes et garfunkeliennes.
Quatre titres bonus accompagnent l’album sous forme d’un mini-CD en annexe. On reste dans la même veine avec une variété d’instruments accompagnant Grand George : piano sur « When I close my eyes », guitare électrique sur « Good old money », guitare acoustique sur « Better dance » et section rythmique funk rock sur « Petit déj au lit ».
Charmeur et décontracté, heureux et souriant, Grand George a imprimé son album d’une jolie personnalité musicale, enrobant subtilement le drame dans des mélodies raffinées et touchantes. Voilà un beau disque qui ne va pas forcément séduire les amateurs de gros son mais qui peut laisser une trace de bonne humeur et d’espoir chez ceux qui veulent bien se laisser aller à la grâce.
Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2014/08/20