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MADÉ J. – Beat & broke ain’t broken

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A tous ceux qui se posent la récurrente et angoissante question de savoir si le rock ‘n’ roll est mort, mourant, en sursis, blessé seulement ou en pleine rédemption, on proposera un début de réponse avec ce deuxième album de Madé J., un personnage qui ne se pose pas de questions et décoche du rock dont il a dû trouver une caisse encore pure et sans défauts quelque part dans une vieille grange du Kentucky ou une usine désaffectée du Michigan.

Fort de ce trésor jalousement gardé, Madé J. a parcouru sans relâche les lointaines terres le séparant de sa Bali natale, proférant son rock animal dans les endroits les plus improbables, marchant seul contre tous avec sa guitare et son vieil ampli. Jusqu’à arriver à Bruxelles, un endroit dont la faune contre-culturelle et électrique lui a bien plu, apparemment, puisqu’il a posé sa vieille musette quelque part dans un bas-fond louche qui lui sert désormais de quartier général.

Etape suivante : recruter quelques malfrats du son en guise de complices et graver en lettres de sang sur des partitions en tôle quelques chansons parlant de filles, de carburateurs fumants, de whisky de contrebande et de couteaux à cran d’arrêt, histoire de bien filer les jetons aux bien-pensants et aux ligues de bigots. C’est ce qui se passe concrètement avec le ralliement du bassiste Morgan Seddik et du batteur Giacomo Parnisi, que les services de renseignements militaires du monde entier auront identifié comme le fameux Romano Nervoso, recherché par tous les négociants en prothèses auditives.

A partir de là, la mécanique infernale est enclenchée. Madé J. sort un premier album « Das Rumble » (2012) qui lance un avertissement au monde libre : il y a encore des gens sur cette terre qui manipulent le rock sauvage et qui n’ont pas l’intention de baisser la tête devant la médiocrité et la corruption des esprits. Et comme il y en a qui ne comprennent rien du premier coup, Madé J. vient de balancer la deuxième salve dans la masse informe des incrédules qui vont devoir revêtir la combinaison ignifugée pour supporter les températures générées par ce « Beat & broke ain’t broken » (sur lequel Parnisi a cédé les tambours à un certain Alex Pantalis).

Seize morceaux de rock ‘n’ roll viril, de punk ancestral et de rockabilly vicieux peuplent cet album instinctif, direct et percutant. Et le tout en une cinquantaine de minutes, ce qui place la durée moyenne des morceaux à trois minutes et trente secondes, soit le temps qu’il faut à un gorille pour dévaster un bar un soir de cuite. « My lyin’ Valentine », « Arm », « The good is gone » ou « Bad ass baby » convoquent les vieilles sonorités seventies jusqu’alors conservées dans les griffes de sorciers maudits (Ted Nugent, Tommy Bolin, Leslie West). « Life too beautiful » ou « Wrecking ball » font gercer la gomina sur les crânes des anciens combattants rockab’ qui n’attendent qu’un signe pour balancer les chaises par les fenêtres et se répandre en danses frénétiques et sauvages. Et « Can’t lie », qui porte si bien son nom, pratique la jonction des forces électriques des Rolling Stones et des Flamin’ Groovies.

Il y a encore de bien jolies surprises et volées de baffes sonores planquées sous le plancher de cet album coriace et chahuteur. Il n’était pas évident de tenir l’auditeur en haleine avec seize chansons mais le bon Madé J. s’en sort comme un chef. Retirez votre chapeau la prochaine fois que vous le croiserez.

Pays: BE
Mottow Soundz
Sortie: 2014/09/27

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