BORN FROM PAIN – Dance with the devil
Avec ses 17 ans d’existence et sept albums à son palmarès, Born From Pain est un des fleurons du hardcore néerlandais. Formé en 1997 à Heerlen, ce combo réunit une poignée de durs à cuire élevés aux douces sonorités du thrash metal californien et allemand, du death floridien et du hardcore new-yorkais. A l’époque, les choses étaient claires : le métal était hargneux, sans concessions et ne cherchait pas à fricoter avec les hit-parades.
Rob Franssen (basse), Ché Snelting (chant), Stefan van Neerven (guitare), Wouter Alers (batterie) et Servé Olieslagers (guitare) arrivent dans le monde du hardcore avec des conceptions simples : la puissance thermonucléaire au service de la critique sociale. Sur cette base saine, Born From Pain entreprend lentement mais sûrement sa conquête à force de dur travail, d’incessantes tournées et de sorties régulières d’albums. Avec le temps, les albums « Reclaiming the crown » (2002), « Sands of time » (2003) et « In love with the end » (2005) font passer Born From Pain de la scène locale à une dimension internationale. Habitués des tournées de longue haleine avec des maîtres comme Hatebreed ou Madball, les gens de Born From Pain investissent aussi les gros festivals métalliques, Wacken Open Air, With Full Force, Waldrock, Hellfest et autres.
Les destinées de Born From Pain montent d’un cran avec l’intervention du célèbre Tue Madsen qui produit l’album « War » en 2006. Mais l’année suivante, le chanteur Ché Snelting quitte le groupe. Le personnel avait déjà beaucoup changé à l’époque mais Snelting était une cheville ouvrière du groupe. Seul Rob Franssen demeure un membre original et c’est finalement lui qui reprendra la micro après une valse de chanteurs intermédiaires. Sa basse passe chez Andries Beckers (ex-The Set Up) et Born From pain reprend la lutte avec ses albums « Survival » (2008) et « The new future » (2012).
Stabilisé aujourd’hui autour de Rob Franssen, Servé Olieslagers (de retour après quelques années d’absence), Dominik Stammen (guitare), Pete Gorlitz (basse) et Max van Winkelhof (batterie), Born From Pain revient pour clore une année 2014 sous le signe des aciéries en flammes et des coups de bélier sonores dans l’édifice vermoulu d’une société pliant sous le poids des élites corrompues. Car ça ne rigole pas avec « Dance with the devil », Born From Pain lâchant en une demi-heure une douzaine de titres furieux et colossaux, appelant à l’unité et à la lutte (« Cause & effect »), dénonçant la surveillance de Big Brother (« Eye in the sky ») ou la perte d’identité (« Lone wolf ») ou annonçant la soumission à un pouvoir suprématiste et impitoyable (« Dance with the devil »). Des dialogues de personnages inquiétants font le lien entre les morceaux, comme un leitmotiv assurant une unité de ton à l’ensemble du disque.
Car en matière de cohérence, ce court « Dance with the devil » est un exemple de perfection. L’imparable brutalité des riffs provoquant des beatdowns colossaux est omniprésente, soutenant un chant velu qui aboie ses phrases de défiance envers le système. D’entrée de jeu, on est au cœur d’un combat de titans et on regarde passer les masses d’armes qui volent très bas. Plus on avance dans le disque, plus les guitares deviennent carnassières, plus les rythmes s’accélèrent ou plombent l’atmosphère. On n’est pas près d’oublier la puissance dévastatrice de « Lone wolf » ou la destruction massive opérée par « Dance with the devil » ou « Roots ».
Quelques invités viennent mettre leur grain de sel au milieu de ce chaos. Matthi (des Liégeois de Nasty) accompagne Rob Franssen sur « Truth of the streets », Scott Vogel de Terror sème la panique sur « Bleed the poison » et le rappeur Def P pose un petit free style en néerlandais au milieu de « Stand free ». L’album se termine curieusement sur un morceau caché, avec la mélodie de « Hotel California » des Eagles en guise de conclusion.
« Dance with the evil » révèle donc un Born From Pain en forme olympique et est un album obligatoire pour tout fan de hardcore qui se respecte. Aucun concert n’est annoncé pour l’instant, mais ouvrons l’œil.
Pays: NL
Beatdown Hardware Records
Sortie: 2014/11/28