NACHTMYSTIUM – The world we left behind
L’album dont nous parlons ici est posthume. En effet, au moment où sort ce « The world we left behind », ses auteurs Nachtmystium se sont séparés. Mais aux dires de Blake Judd, patron est fondateur du groupe, il n’est pas du tout certain que Nachtmystium reste au cimetière très longtemps et il est probable qu’un jour, une résurrection du combo black metal vienne réconforter ses fans.
Nachtmystium a splitté en novembre dernier, au terme de treize années d’existence et sept albums au compteur. Les amateurs de black metal se souviennent de ce groupe comme capable d’une évolution intéressante au cours de son parcours, passant d’un black metal caractéristique de la deuxième génération du genre (Darkthrone, Burzum) à ses sonorités davantage marquées par le psychédélisme. Après « Reign of the malicious » (2002), « Demise » (2004) et « Instinct: decay » (2006), Blake Judd fait effectivement dériver son groupe vers un autre style plus planant, comme vont le montrer les albums « Assassins – Black meddle part one » (2008) et « Addicts : Black meddle part two » (2010).
Le groupe de l’Illinois est alors considéré comme au sommet de son art et l’on a tendance à fermer les yeux sur les côtés sombres de Nachtmystium, à savoir l’addiction de son leader à l’héroïne et les allégations – fausses mais persistantes – insistant sur les liens du groupe avec le monde glauque du black metal national-socialiste lors de ses débuts.
Ce sont les problèmes de drogue qui ont peu à peu amené le groupe vers la sortie. Une arrestation de Blake Judd pour vol conduit à la dissolution de Nachtmystium, qui tentait depuis quelques années de maintenir son niveau d’inspiration, mais pas toujours avec succès. « Silencing machine« avait trahi une petite baisse de régime et il faut malheureusement admettre que le dernier album « The world we left behind » n’a pas les moyens de renverser la tendance.
Les premiers titres du disque font se demander si on a bien affaire au Nachtmystium qui nous a habitués à un black metal sombre et atmosphérique. Une introduction épique qui semble sortir d’un vieux disque de Manowar (« Intrusion »), un deuxième titre simplet et bancal (« Fireheart ») et un troisième morceau parvenant difficilement à trouver la sortie (« Voyager ») : on se demande si on ne voit pas poindre une catastrophe. Heureusement, les morceaux suivants se sortent du piège avec un retour à un black metal plus en phase avec les canons du genre.
« Into the endless abyss », « In the absence of existence », « The world we left behind » ou « Epitaph for a dying star » se donnent du temps pour développer des atmosphères rageuses et sombres, où des effets de synthétiseurs rappellent que Nachtmystium n’est pas un groupe de black metal comme les autres. Mais cependant, on a parfois l’impression que le groupe s’est laissé aller à une certain auto-indulgence en prenant peu la peine d’élaborer des compositions qui restent souvent collées à une ou deux idées de riffs n’ayant pas été trop creusées.
L’album est intéressant car il pourrait être vu comme un disque de black metal pour ceux qui n’aiment pas le black metal. Mais on sent bien que la sortie posthume de ce disque surprend un groupe au creux de la vague au moment où son leader est au bout du rouleau. Apparemment, Blake Judd est revenu récemment ragaillardi d’une cure de désintoxication et songe sérieusement à remettre son groupe sur pied. C’est encourageant et ça peut augurer un retour en plus grande forme d’un groupe qui ne saurait être jugé à l’aune de ce dernier album un peu plus faible que ses prédécesseurs.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2014/08/04