FOZZY – Do you wanna start a war
Les intrusions de champions du muscle dans la musique et particulièrement dans le rock ont toujours été une source d’amusement pour le public américain. On peut citer le cas de Jon Mikl Thor, champion de bodybuilding dans les années 1970 qui monte un groupe de heavy metal épique à la fin de cette décennie. On a aussi l’exemple de l’épais Steven Seagal, justicier expéditif de dizaines de film d’action de série B (ou Z?) qui s’essaie de temps à autre à la musique country. Mais il y a aussi Chris Jericho, gloire du catch US de ces vingt dernières années, qui joue les hurleurs métalliques dans son groupe Fozzy.
Comme le disait mon collègue Michel Serry dans sa chronique de « Sin and bones« , avant-dernier album de Fozzy en 2012, des personnages comme Chris Jericho sont typiquement américains et ont du mal à impressionner le paysage culturel européen, tant le style gros bras clinquant et hâbleur est à des années-lumière de la réserve qui caractérise le public européen. Mais dans son genre, Chris Jericho est parvenu avec les années à fournir un heavy metal de série B encore acceptable, parce qu’agréable et résolument bas du front parfaitement revendiqué.
Avec une demi-douzaine d’albums en quatorze années d’exercice, Fozzy ne peut plus être considéré comme une passade qui aurait eu son petit moment de gloire avant de disparaître vite fait, bien fait. Le groupe est solidement installé dans les esprits aux USA, avec des incursions récentes dans les charts (143e pour « Sin and bones » et 54e pour l’ici présent « Do you wanna start a war »). Avec ses comparses Rich Ward (guitare et chant), Frank Fontsere (batterie), Billy Grey (guitare) et Paul Di Leo (basse), Chris Jericho, alias Fozzy (ou encore Fozzy Osbourne, comme on l’appelait à ses débuts) est passé de la reprise de standards du heavy metal (Dio, Judas Priest, Iron Maiden, Twisted Sister…) à des compositions personnelles. Attention, nous ne sommes pas ici dans l’œuvre géniale qui balaie tout sur le plan intellectuel ou musical, on est plutôt dans le bon gros hard rock potache et musculeux qui vaut vraiment à Jericho ce surnom de Fozzy, qui pourrait très bien être modifié en « faux Ozzy », tant le groupe colle désormais de très près aux basques du Madman en ce qui concerne l’inspiration.
La preuve en est avec ce « Do you wanna start a war » qui semble surgir d’un groupe de reprises d’Ozzy Osbourne. Que ce soit avec le titre introductif « Do you wanna start a war », « Lights out » (qui démarre comme du Sepultura) ou « No good way », on sent l’ombre du prince des ténèbres période « Black rain » ou « Scream » planer sur les petits titres tapageurs et détendants de Fozzy. Mais le catcheur fou se laisse aussi aller à des réminiscences de Machine Head (« Brides of fire »), Skid Row (« Tonight »), Korn (« Unstoppable ») ou à de la ballade larmoyante (« Died with you »), typiquement dans l’esprit hair metal des années 90.
Sa voix criarde peut irriter de temps à autre mais Jericho est bien compartimenté par de puissantes guitares et convainc avec des compositions qui n’ont pas inventé la grenade à manche mais qui se glissent bien dans le couloir de l’entertainment, seule vraie raison d’acquérir cette galette. On pourra également bien s’amuser à l’écoute de la reprise de « SOS » d’Abba, un titre qui n’a à l’origine rien de métallique mais qui est ici traité avec pêche et énergie.
Alors, tous à la salle de muscu avec Fozzy dans les oreilles. Soulevons de la fonte avec entrain et l’air crétin grâce aux encouragements sonores de Chris Jericho et son orchestre !
Pays: US
Century Media
Sortie: 2014/07/21