MAN – The twang dynasty
Après avoir réédité l’intégrale de la discographie de Man des années 70, le label Esoteric Recordings poursuit l’exploration de l’œuvre du groupe gallois avec les albums que Man a publiés dans les années 90, à l’occasion de sa reformation opérée lors des années 80.
Résumé des épisodes précédents : nous en étions arrivés aux albums « Welsh connection« et « All’s well that ends well« , respectivement dernier album studio et dernier album live parus en 1976-77, au moment où Man jette l’éponge et met fin à un parcours entamé en 1968. A l’époque, Deke Leonard (chant et guitare), Micky Jones (chant et guitare), John McKenzie (chant et basse), Phil Ryan (chant et claviers) et Terry Williams (chant et batterie) décident de prendre des chemins séparés pour se consacrer à d’autres projets musicaux.
Man sera cependant ressuscité relativement rapidement puisqu’en 1983, le groupe est de nouveau sur les rails. Deke Leonard et Micky Jones, les piliers, sont derechef dans le coup et sont allés rechercher Martin Ace, leur ancien bassiste des années 1970-72 et 1975. Le kit de batterie est quant à lui occupé par John Weathers, un petit nouveau dans le groupe, en provenance des excellents progueux de Gentle Giant. Sous cette articulation, Man tente d’enregistrer de nouveaux titres en studio en 1983 mais les bandes sont perdues lors de leur transport en Allemagne. De cette période, on ne gardera que l’album live « Friday 13th« , enregistré au Marquee de Londres en juin 1983.
Cependant, Man reste très actif sur scène et retrouve son public durant de nombreuses années, jusqu’en 1992 où les conditions sont enfin réunies pour sortir un nouvel album studio. Les fans suivent l’affaire de près avec inquiétude, se demandant ce qu’un groupe profondément ancré dans les Seventies va faire pour se défendre au beau milieu des Nineties, où le paysage musical a complètement changé. Le punk, la new wave, le grunge sont passés par là et Man est à la merci du syndrome qui frappe souvent les vieux groupes reformés : le décalage entre la gloire passée et les dures conditions d’un monde contemporain qui les a oubliés.
Pourtant, l’album « The twang dynasty », premier album studio de Man en seize années, va bien supporter ce genre d’épreuve. Deke Leonard et ses hommes ont composé de nouvelles chansons, retrouvé des titres plus anciens datant de ce fameux projet d’album perdu en Allemagne et vont tenter à nouveau leur chance sur le petit label The Road Goes On Forever, bien plus modeste que la puissante maison United Artists qui avait publié les albums de Man des années 70.
« The twang dynasty » propose onze nouvelles chansons qui restaurent l’image de Man, groupe ayant fait florès dans un registre rock, progressif et parfois hard rock. Par rapport à l’époque où il sort, cet album sonne un peu en dehors des courants alors à la mode. On a plutôt l’impression d’entendre un solide album de rock du début des années 80 perdu au milieu des années 90. Mais en soi, le disque tient bien le coup, même plus de vingt ans après sa sortie. Les hommes de Man enchaînent du rock électrifié et simple sur les convaincantes « A feather on the scales of justice », « Mad on her », « Circumstances » ou « The wings of Mercury » (hommage à John Cippolina, le guitariste de Quicksilver Messenger service qui les avait rejoints sur scène en 1975 à l’occasion de l’album live « Maximum darkness »). Signalons également le nerveux « Women », qui fera l’objet d’une sortie en single.
Ce disque met suffisamment les musiciens de Man en confiance pour qu’ils continuent l’aventure et se fendent d’un autre album studio dès 1995, « Call down the Moon ». Mais avant de parler dans une autre chronique de cet album, également réédité par Esoteric, il ne faut pas oublier de mentionner le copieux bonus qui figure dans la réédition de « The twang dynasty » : un double CD retraçant un concert de Man au festival de Glastonbury en juin 1994. C’est une formidable occasion de retrouver Man dans son élément naturel, la scène, avec l’exécution de nombreux titres extraits de « The twang dynasty ». Mais il y a aussi quelques classiques, comme un « C’mon » de près de vingt minutes qui ouvre le show, ou « The ride and the view » qui date de « Welsh connection ». Prouesses techniques, intarissable énergie scénique, bonne humeur et communion avec le public sont les ingrédients de cet excellent live, une des grandes spécialités de Man.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 32455
Sortie: 2014/07/28 (réédition, original 1992)