RUMBLE – Driftin’
En posant ce CD de Rumble dans mon lecteur, j’aurais juré avoir affaire aux fantômes de Gene Vincent, Vince Taylor et Johnny Burnette réunis pour faire revivre le rockabilly des années 50 dans ses aspects les plus puristes. Mais pourtant, il n’y a rien d’américain ou d’ancien dans cette galette qui arrive d’un groupe de Nancy vivant au beau milieu des années 2010.
Et lorsqu’on jette un œil au look de Julianos (chant et guitare), Douns (contrebasse et chœurs) et Rems (batterie et chœurs), on ne trouve ni Perfecto graisseux, ni banane figée dans la gomina, ni blue-jeans retroussé. On se trouve au contraire en face de types ressemblant plutôt à des fans de Dire Straits, le genre ingénieur qui se transforme dès le vendredi soir en rocker intraitable après une semaine de travail studieux. Mais ces gens ont des lettres, ne serait-ce que par le choix du nom de leur groupe, référence directe au « Rumble » de Link Wray, morceau tellement méchant qu’il fut interdit à l’époque pour incitation à l’émeute.
Ce trio qui ne paie pas de mine vient de réaliser son premier album, dont le secret de fabrication doit résider dans une machine à remonter le temps qui a permis à ces musiciens de se retrouver directement en 1957, planqué sous le plancher d’un studio de Virginie pendant une session des Checkers ou des Frogmen, à noter tous les bons trucs et les secrets de fabrication du rockabilly authentique.
Il en résulte ce « Driftin’ », plongée dans la brume rockabilly qui exécute en douze morceaux une tournée des grands ducs qui laisse pantois. On savait que le rockabilly avait de solides défenseurs en Belgique ou en Allemagne, mais on ignorait que la France pouvait rivaliser dans ce domaine. Rumble, avec ses fabuleux morceaux que sont « Satan and I », « Nobody’s son », l’envoûtant « Strange brew » ou le terminal « Dive bar blues », arrête le temps, remet tous les compteurs à 1957, balaie d’un revers de la main tout le rock hippie, heavy metal braillard ou pop synthétique niaise qui boursouflent le rock depuis cinquante ans et rétablit la pureté du lignage rock ‘n’ roll avec ses choix radicaux assumés en toute conscience.
La réincarnation existe : Eddie Cochran et Gene Vincent sont revenus du côté de Nancy.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/03/19