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SANCHO – Bonheur et circonstances

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Un jeune homme habillé de noir, équipé d’une guitare et d’une valise, regardant paisiblement l’horizon au bord d’un champ labouré, sous un ciel gris, quelque part dans l’Est de la France. C’est la première image qu’on a de Sancho, chanteur et compositeur qui signe son troisième album avec ce « Bonheur et circonstances », dont on a vite voir qu’il ne parle pas de bonheur mais pas mal de circonstances.

Et pour ce qui est de la musique, l’influence est assez évidente : un tiers de Bob Dylan, un tiers de Bob Dylan et un autre tiers de Bob Dylan. Le barde de Duluth est si présent sur cet album chanté en français que je me suis d’abord demandé si Sancho n’avait pas réalisé un album de reprises de Dylan traduites dans la langue d’Hughes Aufray. Mais non, l’homme a couché sur la partition des chansons plus personnelles qu’on ne le pense. Dans ses textes, Sancho évoque en effet ses peurs, ses angoisses, sa révolte face à un monde qui va mal, sa compassion pour les cœurs purs perdus et la fascination du voyage.

Pour la réalisation de « Bonheur et circonstances », Sancho s’est entouré de musiciens en provenance d’autres groupes. Nicolas Valette (basse, de chez The Automatists et Tuscaloosa), Gauthier Georges (batterie, également dans Distortions), Barclau (guitares, aussi dans REG et Thirteen Dead Trees) forment la structure de base, aidés aussi par Hervé Mehl (violoncelle) et Fabien Pilard (banjo et guitare) qui officie également à la production.

Au commencement de l’album, on est assez surpris par le style d’écriture de Sancho, qui exprime avec une certaine naïveté sa conception des choses dans « Ballade de l’homme idéaliste » ou « Défiguré est le verbe aimer ». Les textes semblent à l’état brut, jetés sans fioritures comme si Sancho avait eu un besoin urgent d’extirper des sentiments bouillonnants de son être sans chercher à les affiner. Puis, chemin faisant, on adhère à ce style, en découvrant des textes écorchés exposés à l’auditeur, le cœur sur la main et d’une voix claire et forte. Sancho est sans illusions sur « Blues de l’homme postmoderne », qui dresse un portrait cruel et inquiétant de notre société (« Mais tout va bien mal », dit-il). Il se dresse face aux oppresseurs de tous poils (« Ce qui est en vous finira par vous briser ») et se confronte à lui-même dans un questionnement sans faux-semblant (« Je laisserai mes doutes s’évanouir »). Son harmonica rêveur sur lit de violoncelle annonce « Petite âme fatiguée », ballade folk d’une touchante beauté.

A partir de là, le charme a opéré, Sancho a réussi à convaincre avec son style à la fois personnel par ses textes simples mais forts (« Tant que la tempête ne s’arrête », « Toutes mes excuses (j’ai failli) ») et lourdement ancré dans Bob Dylan. « Bonheur et circonstances » donne l’occasion de découvrir un artiste sincère et droit, à la poésie tristounette mais joliment inspirée.

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/03/29

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