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MARTINEZ, Harold – Dead man

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Le premier album d’Harold Martinez, « Birdmum« , avait été accueilli avec intérêt. Il faut dire que le nîmois dont la tristesse des propos ferait passer Johnny Cash pour un vendeur de farces et attrapes avait assez finement joué, avec un style acoustique tranchant foncièrement avec l’électricité tapageuse de son premier groupe, Clan Edison.

Depuis l’époque de Clan Edison (auteur d’un album très nickcavien en 2011), Harold Martinez a repris sa guitare pour tenter une expérience solo, emportant avec lui le batteur du groupe, le fidèle Fabien Tolosa. Il est sans doute allé se ressourcer à ce fameux carrefour de routes où, autour de minuit, un petit personnage curieux vient confier aux guitaristes en recherche d’inspiration quelques secrets pour découvrir et vivre l’âme profonde du blues.

A partir de là, nous avions eu le très poignant « Birdmum » et voici maintenant une succession plus électrifiée, incarné par ce « Dead man », dont le nom veut tout dire. « Dead man », dans l’histoire du rock, c’était le premier album de Josefus (1970), combo heavy psych texan dévoré par la colère et les substances psychotropes. « Dead man », c’est aussi cet invraisemblable film de Jim Jarmusch de 1995, à la bande-son illustrée par le génial Neil Young, faisant geindre sa guitare lourde sur les images surréalistes de ce western métaphysique.

Le « Dead man » d’Harold Martinez, c’est un peu le mélange de ces prédécesseurs hantés et morbides. Le simple dessin de la pochette annonce déjà tout. Il semble nous intimer l’ordre d’abandonner tout espoir une fois que nous aurons franchi les portes de l’album. Une fois le disque posé sur la platine, on se retrouve soudain en plein zone aride, tabassé par un soleil de plomb, plus une molécule d’eau dans le gosier, environné d’angoisse et giflé par l’électricité ombrageuse de la guitare.

Ayant en effet suivi le chemin de l’électricité, Harold Martinez et son lieutenant batteur convoquent les grands nerveux du rock et du blues (Nick Cave, Johnny Cash), reçoivent des messages subliminaux des Black Keys ou des Black Angels et régurgitent la colère que leur a refilée Jon Spencer au cours d’une partie de poker menteur. La voix de Martinez monte en plainte étranglée, révoltée devant le refus, s’extrayant des accords boueux de la guitare et du martèlement malsain de la batterie. Les morceaux aux titres désespérés (« Prison valley », « Dead man », « The killers crow », « Slave », « Call of blood », « Vanishing race ») forment la bande originale d’un western urbain post-apocalyptique, livré à la poussière et à l’oubli, déboussolé par la disparition de l’humain dans notre société glaciaire.

L’air de rien, Harold Martinez a installé le blues entre Perpignan et Carpentras, balayant d’un revers de main les danses provençales et les férias taurines. Il était temps.

Pays: FR
Auto-production
Sortie: 2014/02/24

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