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SUICIDE SILENCE – The Mitch Lucker memorial show (Ending is just the beginning)

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A dix jours près, Mitch Lucker aurait pu se payer le luxe de rejoindre le mythique club des artistes rock morts à 27 ans. Mais il a fallu qu’il décède d’un accident de moto le 31 octobre 2012, alors qu’il était âgé de 28 ans depuis le 20 octobre précédent. Mais ce n’est pas parce que Mitch Lucker a dépassé de peu l’espérance de vie moyenne du rocker brûlant la corde par les deux bouts qu’il faut l’oublier complètement. En effet, la mémoire ce gentil garçon tatoué des pieds au cou mérite d’être honorée en raison de son appartenance à un des groupes de deathcore californien les plus intéressants de sa génération, Suicide Silence.

Ce groupe formé à Riverside (Californie) en 2002 est responsable de trois albums parfois controversés (« The cleansing », 2007 ; « No time to bleed », 2009 et « The black crown », 2011) mais n’ayant pas laissé indifférent dans les milieux deathcore. Suicide Silence a en effet réussi à se distinguer rapidement, notamment avec ses deux premiers albums. C’est la personnalité à fleur de peau du chanteur Mitch Lucker qui retient l’attention. Capable de growls caverneux tout autant que de hurlements ultra-soniques, le chanteur de Suicide Silence marquait aussi les esprits avec une présence scénique dévastatrice.

Mais l’ombrageux meneur du groupe a un jour eu l’idée saugrenue d’enfourcher sa moto avec un taux d’alcool dans le sang tel qu’on a pu se demander s’il restait encore un peu de sang dans l’alcool. Le platane a été le plus fort et voilà maintenant que Mitch Lucker laisse une veuve et une orpheline, ainsi que des milliers de fans éplorés. C’est pour prévoir des jours heureux à la gamine que les membres restants de Suicide Silence ont décidé d’organiser un concert hommage à leur défunt chanteur, avec une myriade d’invités intervenant au chant sur les vingt chansons composant ce live hommage, sorti sur Century Media, accompagné de la vidéo du concert tenu le 21 décembre 2012 au Fox Theater de Pomona, en Californie.

Question invités, on peut dire que tout le ban et l’arrière-ban de la scène death et metalcore américaine a défilé sur les planches du théâtre. Jugez plutôt : Jonny Davy (Job for a Cowboy), Greg Wilburn (The Devastated), Brook Reeves (Impending Doom), Ricky Hoover (ex-Suffokate), Phil Bozeman (Whitechapel), Myke Terry (ex-Bury Your Dead), Danny Worsnop (Asking Alexandria), Johnny Plague (Winds of Plague), Cameron « Big Chocolate » Argon, Burke Van Raalte (ex-With Dead Hands Rising), Anthony Notarmaso (After The Burial), Tim Lambesis (As I Lay Dying), Eddie Hermida (All Shall Perish), Austin Carlile (Of Mice & Men), Chad Gray (Mudvayne et Hellyeah). Tout ce petit monde interprète ce qu’il faut appeler un best of du groupe, avec les meilleurs titres interprétés dans un sens chronologique. On commence avec le EP de 2005 (« Destruction of a statue », « Distorted thought of addiction »), puis on évolue vers « The cleansing » (« Bludgeoned to death », « Girl of glass », « The price of beauty »), « No time to bleed » (« Disengage », « No Time to bleed », « Smoke », « Wake up ») et enfin « The black crown » (« Slaves to substance », « OCD », « Fuck everything »). A chaque fois, c’est l’apocalypse thermonucléaire qui se déverse sur les têtes, avec les explosions surpuissantes des guitares et la batterie en rafale au service de breaks carnassiers et de changements de rythme déroutants.

Mais le meilleur est sans doute pour la fin avec l’intervention des grands anciens du genre. En effet, la musique de Suicide Silence est consacrée grâce au parrainage de l’immense Rob Flynn (Machine Head) qui vient interpréter une version acoustique du « Die young » de Black Sabbath, d’une beauté à pleurer. Cette chanson rend non seulement hommage à Mitch Lucker mais elle montre aussi l’invulnérabilité de cette composition de Black Sabbath, écrite par Ronnie James Dio. Les larmes ont à peine le temps de sécher que voici Max Cavalera de Sepultura qui vit aplatir ce qui reste de vivant avec un « Roots bloody roots » monstrueux. L’émotion continue lorsque l’on entend la voix du défunt Mitch Lucker résonner sur « Engine # 9 », une reprise des Deftones. La conclusion revient au non moins grand Randy Blythe de Lamb Of God qui termine cet hommage avec « You only live once », chanson prophétique de Suicide Silence.

La présence de ces grands hommes à la fin d’un show de Suicide Silence fait office d’adoubement du groupe dans le monde des combos importants du métal contemporain. Si Mitch Lucker avait vécu, on ne sait si son groupe aurait continué de progresser vers l’excellence. Il est vrai qu’on est toujours plus grand mort que vivant mais le fait est, Suicide Silence avait un potentiel certain. Le groupe va continuer avec un autre chanteur mais rien ne prédit qu’il poursuivra sa montée. Certes, AC/DC et Metallica ont démontré qu’on pouvait survivre brillamment à la perte d’un membre essentiel, mais ce n’est pas donné à tout le monde.

En tout cas, ce live est une belle occasion de découvrir un groupe et surtout un chanteur qui mérite de ne pas être oublié trop vite. Mitch Lucker deviendra peut-être le Kurt Cobain, le Bob Marley ou le 2Pac des fans de deathcore, c’est ce qu’on peut espérer de mieux pour sa mémoire.

Pays: US
Century Media
Sortie: 2014/03/17

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