OAK RIDGE BOYS – Boys night out
Qui a dit que les Américains nous envahissaient avec tous leurs produits? Pas toujours, ils gardent parfois des trucs pour eux, et c’est tant mieux. Exemple avec la country et le gospel, des trucs parfaitement invendables en Europe, terre où l’adoration béate du Seigneur reste encore dans la sphère privée et ne fait pas l’objet de concerts géants dans des stades.
Les concerts géants, par contre, les Oak Ridge Boys connaissent bien. Et l’histoire de ce groupe extrêmement populaire dans les milieux country américains et canadiens n’est pas piquée des hannetons. Accrochez-vous, il y a de l’étonnement au menu.
L’origine de ce groupe remonte à… 1945. Oui, vous avez bien lu : 69 ans d’existence pour les Oak Ridge Boys. Cela veut-il dire que nous avons affaire ici à des nonagénaires chevrotant des odes au Tout-Puissant dans un vieux micro et de livrant à des courses de chaises roulantes sur les scènes d’arenas du Kansas remplies à ras-bord de rednecks ivres de country? Pas du tout. La première mouture de 1945 s’appelait en fait l’Oak Ridge Quartet et elle a pris fin en 1958, devenant les Oak Ridge Boys sous l’impulsion du seul membre commun Wally Fowler.
Depuis lors, le personnel s’est succédé sans fin dans cette formation qui pourrait bien devenir éternelle si les quatre membres actuels désignent un jour des successeurs dignes d’eux. La formation courante des Oak Ridge Boys est en effet composée de quatre chanteurs qui sont ensemble depuis 1973 (ce qui fait quand même 41 ans). Richard Sterban, William Lee Golden, Duane Allen et Joe Bonsall ne sont donc pas des nonagénaires mais de fringants septuagénaires dont on se demande bien quand ils vont raccrocher les gants.
Car ces braves garçons rencontrent toujours aux Etats-Unis et au Canada un succès phénoménal, dans le créneau spécialisé country et gospel, s’entend. Mais les chiffres restent éloquents : depuis 1958, 31 albums, 63 singles, 17 numéros un et 41 millions d’albums vendus de la Caroline du Nord jusqu’à l’Oregon, en passant par l’Alberta et la Colombie britannique. Impressionnant, mais en Europe, tout le monde s’en fout.
Il n’y a qu’une seule chose que les Oak Ridge Boys n’avaient jamais faite : un album live. Etonnant, non? Mais aujourd’hui, c’est chose faite avec ce « Boys night out » qui nous vient tout droit du label Cleopatra dont la ligne éditoriale laisse souvent transparaître un certain éclectisme.
Du point de vue musical, on a affaire ici à la de la country pur jus, un truc que seuls les Ricains savent faire. Les Boys alignent leurs plus grands tubes pour le plaisir immodéré de leurs fans. Il faut donc être sérieusement initié pour apprécier les ondulations de la guitare pedal steel, ces chœurs naïvement enjoués, ces mélodies hâbleuses et ces histoires de cow-boys amoureux de leur cheval. La plupart des chansons figurant sur cet album font partie du patrimoine country étatsunien et certaines, comme « Elvira », « American made » ou « Y’all come back saloon » sont les gros hits des Oak Ridge Boys.
Reste que la country est un genre en soi, qui a ses aficionados dont nous ne remettrons pas en cause les choix. Ce n’est pas notre genre de prédilection et nous laisserons les Oak Ridge Boys à ceux qui les aiment, en nous réjouissant à l’avance de leur satisfaction à l’écoute de cet album.
Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2014/04/15