MUR – Mur
Annoncé comme un album, ce premier disque de Mur est si court qu’il est à la limite du EP. Mais ce qu’il y a dedans est si prometteur en termes de postcore mâtiné de black metal qu’il vaut mieux le mettre en avant comme le disque le plus court de l’histoire ou le EP le plus long, comme on veut.
Les informations sur Mur ne sont pas légion. Mais on a quand même des données précises sur les circonstances de sa formation. Nous sommes en France en 2010 et Julien Granger (batterie, ex-Four Questions Mark, Today Is The Day, Glorior Belli) rencontre, par l’intermédiaire du guitariste Matthieu Sassier, Philippe Bertinelli (guitare) et Alexandre Michaan (claviers). Granger amène comme bassiste un certain Thomas Zanghellini (également dans Comity). Quelques morceaux instrumentaux sont enregistrés jusqu’au départ de Matthieu Sassier. Le poste de chanteur est alors pourvu par Christophe Denhez (ex-In The Guise Of Men, ex-Jarell).
La formation complète achève alors son premier album, mixé par Francis Caste (Kickback, Comity, Every Reason To) et « Mur », album éponyme de Mur, sort donc ces temps-ci, dans l’espoir de révolutionner le petit monde du post-hardcore dépressif et mécontent. Et à l’écoute de ces cinq titres rugueux et torturés, on peut dire que cet espoir est pleinement satisfait.
Dès « Hugo suits », on découvre les subtilités du style de Mur, qui place des rythmiques black metal vite remplacées par des épisodes beaucoup plus ralentis qui laissent surgir des lignes électroniques sinueuses se frayant un chemin à travers des murs de guitares poisseuses. Un chant très sludge vient se poser sur cet appareillage mécanique inquiétant et impitoyable. « Hermetic party » est plus simplifié mais n’en garde pas moins une capacité à faire plonger l’auditeur dans les affres de l’angoisse. On monte un peu plus dans la secousse tellurique avec un « Feed the swamp » au gothisme boueux et à la désespérance hurlée. « Dominance » est quant à lui plus hardcore et sert de prélude au ludique et primesautier « I’d rather have you dead than pregnant », très saccadé et qui termine l’album dans une apocalypse funéraire et un démantèlement en règle des tympans.
Avec Mur, il n’est pas question de faire dans la construction légère. Les sonorités s’imbriquent les unes dans les autres pour générer une maçonnerie épaisse et dense. On ne sait pas si Mur est de l’Atlantique ou de Berlin mais ce qui est sûr, c’est qu’il excelle dans la lamentation.
Pays: FR
Dooweet Records
Sortie: 2014/02/26