SIBUN, Innes – Lost in the wilderness
Le pedigree d’Innes Sibun en matière de blues rock est parfait. Enfant, il est frappé par la bonne grâce au sujet du bon album du bon bluesman avec un engouement surnaturel pour le « Live at the Regal » de B.B. King, « emprunté » à la médiathèque de sa ville de Bath depuis une trentaine d’années. Adulte, il fait ses classes auprès de l’immense Robert Plant sur l’album « Fate of nations » de 1993. Ainsi adoubé, Sibun débute une carrière discrète mais solide dans le monde du blues rock anglais. Car l’homme est anglais, ce qui nous ramène à l’évocation du blues britannique et de toute la signification puissante qu’il a pu revêtir au cours des années 60, quand la Perfide Albion avait réussi à damer le pion aux Ricains sur leur propre terrain.
Depuis, les États-Unis sont revenus dans la course du blues mais Innes sibun serait bien capable de donner quelques féroces leçons aux cow-boys en matière de blues électrique à qui on ne la fait pas. Sa formation est irréprochable. Il a traîné sur scène avec des cadors du genre Johnny Winter, Peter Green, Ronnie Earl, les Fabulous Thunderbirds, Taj Mahal, Chris Farlowe, ou Walter Trout. Il a à son actif une demi-douzaine d’albums et a été invité en 2011 à jouer pour le concert d’hommage à Rory Gallagher à l’occasion de la sortie de l’album posthume « Notes from San Francisco ».
Rory Gallagher, voilà un nom qu’on ne peut s’empêcher d’avoir en tête lorsqu’on entend le jeu de guitare fluide et musclé d’Innes Sibun. Et toujours dans les inspirations, un autre Irlandais décédé apparaît aussi, Gary Moore. Sibun cumule en effet les qualités musicales de ces deux grands et regrettés guitaristes, autant dire qu’il va falloir prendre sa chaise pour s’asseoir à l’écoute de ce « Lost in the wilderness », nouvel album d’Innes Sibun paru sur le label Blues Boulevard.
Impression d’ensemble, Sibun ne joue pas que du blues pur. Il parsème son disque de genres divers mais toujours convaincants. Rock ‘n’ roll en ouverture avec « You can’t miss what you never had », ballade transcendante sur « Lost in the wilderness » (pas éloignée du « Still got the blues » de Gary Moore), instrumental folk zeppelinien sur « Where are you? », soul gavée au triphasé sur « There will always be », slide guitar enjôleuse sur « She don’t care », country graisseuse sur « G’zan hoedown », ode amoureuse saint-sulpicienne sur « Twice as strong » avec toujours à la clé un jeu de guitare nerveux et mordant, complètement en phase avec les mélodies développées dans ces styles variés.
Les qualités de compositeur d’Innes Sibun sont fantastiques mais c’est dans les reprises qu’il se révèle redoutable. Sa version du « Double trouble » d’Otis Rush cale entre les oreilles un solo dévastateur qui n’en finit pas et qui fait fumer le manche de la guitare. Et sa reprise de « Going home », un traditionnel du blues, revêt des atours funky hendrixiens tout en miaulements hâbleurs et en stridences charmeuses.
Voici donc un guitariste avec qui il va falloir compter. Innes Sibun n’est pas manchot et doit avoir quelques doigts de plus que la moyenne. Si vous voulez le voir en concert, il faudra faire quelques kilomètres car les coins les plus proches où Innes Sibun se produit cet automne sont à Bourlon (France, près de Cambrai) le 14 novembre et au DJS de Dordrecht (Pays-Bas), le 13 décembre. Un jour peut-être, en Belgique…
Pays: GB
Blues Boulevard 250356
Sortie: 2013/11/15