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McCARTNEY, Paul – New

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Sir Paul McCartney, 71 ans aux prunes, revient une fois de plus remettre en jeu son titre d’empereur de la pop avec un nouvel album qui, comble d’originalité débordante, s’appelle « New ». Dans quatre ans, ce nom sera ridicule mais la musique que le disque contient risque fort d’être encore écoutée par les fans de McCartney et les amateurs de bonne musique, en attendant la sortie d’un possible successeur, hypothèse pas encore écartée quand on constate l’état de fraîcheur physique et musicale que l’ex-Beatles affiche encore à un âge où la plupart de ses contemporains commencent doucement à sucrer les fraises.

McCartney, on ne présente plus. Il est plus célèbre que le Christ, lui et ses compagnons Lennon, Harrison et Starr. Les deux premiers sont d’ailleurs allés rejoindre le Christ mais Ringo et Paul sont toujours de ce monde et bien décidés à encore faire la pluie et le beau temps dans le monde du rock et de la pop. Pour l’instant, c’est McCartney qui est sous les feux de l’actualité, avec son seizième album solo, intervenant sept ans après le précédent « Memory almost full ». L’attente fut longue pour les mordus de Macca mais elle en valait la peine car le vénérable bassiste liverpuldien a toujours de la ressource.

McCartney a d’abord voulu réaliser son dernier album en mettant en concurrence quatre de ses producteurs préférés afin de sélectionner le meilleur d’entre eux à l’issue d’un petit test de production des morceaux écrits pour l’album « New ». Et devant le très haut niveau de compétence de Giles Martin, Mark Ronson, Ethan Johns et Paul Epworth, il a décidé de les garder tous les quatre. Un petit mot rapide sur chacun d’entre eux est nécessaire car on a affaire ici à des princes de la console. Giles Martin, 44 ans, n’est autre que le fils de George Martin, producteur attitré des Beatles à la grande époque. Autant dire qu’il est voué corps et âme à l’œuvre beatlesienne et aux travaux de Paul McCartney, qui a dû le faire sauter sur ses genoux à l’époque du dernier album des Beatles. Mark Ronson, 38 ans, a quant à lui produit des albums de Christina Aguilera, Robbie Williams, Amy Winehouse ou Adele, excusez du peu. Ethan Johns, 44 ans, est le fils du légendaire producteur Glyn Johns et a travaillé pour Tom Jones, les Kaiser Chiefs, Joe Cocker, Ray LaMontagne, Kings Of Leon, Jayhawks, etc. Et Paul Epworth, 39 ans, a été impliqué dans la nouvelle vague anglaise avec Babyshambles, The Rakes, Bloc Party, Florence + The Machine, Adele et j’en passe. Autrement dit, on a affaire ici à des monstres, des demi-dieux, la crème de la crème de la production britannique.

Cette variété de producteurs, loin de desservir l’album, lui donne de multiples visages sonores. Le père McCartney a de son côté réussi à écrire des chansons accrocheuses, dynamiques et touchantes. On se demande si c’est lui qui parvient à coller à la modernité contemporaine ou si c’est le monde d’aujourd’hui qui a finalement été moulé par le génie compositeur du personnage depuis l’époque où il officiait dans les Beatles. Ainsi, McCartney déambule fièrement dans des titres pop pétillants et électrifiés (« Save us », le superbe « Alligator »), se plonge sans scrupules dans du cabotinage beatlesien (« New »), livre un impeccable carburant pour les dance-floors (« On my way to work », « Queenie eye »), caresse la nostalgie (« Early days ») et fabrique avec brio des ambiances torrides et rêveuses (« Appreciate », « Hosanna »).

En fin d’album, on aurait pu craindre le remplissage, mais un « I can bet » flirtant lourdement avec les Cars, un « Looking at her » qui donne des leçons de dignité à Robbie Williams, un « Road » tout en suavité et en grâce et un « Scared » qui semble ressusciter le Johnny Cash de « Hurt » sont encore là pour tenir l’auditeur en haleine. « Scared » est un morceau caché qui termine admirablement cet album, dont la version de luxe contient deux titres supplémentaires.

Pas à dire, ce vieux sorcier de McCartney est encore très loin de l’hospice. Il a complètement oublié de vieillir et c’est une bénédiction pour tout le monde.

Pays: GB
MPL Records
Sortie: 2013/10/14

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