VENREZ – American illusion
Le chanteur Venrez forme son groupe dans des conditions peu banales : il recrute les types qui sont venus l’aider à faire des travaux dans sa maison. Nous sommes à Los Angeles en 2010 et entre deux séances de mortier ou de clouage de planches, les travailleurs font des pauses en jammant sur leurs instruments. Un intérêt commun pour le bon vieux rock lourd des années 70 et le grunge des années 90 est rapidement trouvé et Venrez prend la tête du combo qui porte son nom avec trois anciens de Juliette Lewis & The Licks (Jason Womack à la guitare, Ed Davis à la batterie et Michael Bradford à la basse) et un ancien de Life Sex & Death et du Blitzkrieg de Marky Ramone (Alex Kane à la guitare).
Le quintette se met à l’ébauche puis à la réalisation de son premier album « Sell the lie » qui sort début 2012. Hard rock seventies à la Alice Cooper et métal brontosaurien à la Soundgarden sont au programme, de quoi se régaler. Avec la deuxième livraison « American illusion », c’est la même recette qui s’applique. Venrez et ses sbires n’y vont pas par quatre chemins et plongent à pieds joints dans une marmite où bouillonnent encore les restes d’Audioslave, Soundgarden (le chant de Venrez est effectivement assez proche de Chris Cornell, vocaliste des deux groupes précités), Stone Temple Pilots, Alice In Chains, Velvet Revolver ou même de lointaines réminiscences hair metal des années 80 (Y&T, White Lion, Poison, Skid Row, Warrant…).
Le résultat est un album on ne peut plus sympathique où les guitares imposent un mur massif de mélodies puissantes et culturistes, où le chant plane nonchalamment sur l’ensemble et émet de rudes roucoulades travaillées au whisky de contrebande et où la rythmique pose des rails bétonnés mais néanmoins soigneusement polis au papier de verre. « Unforeseen » démarre la galette dans une ambiance de ferronnerie altière qui nous jette un passé soundgardenien à la face. Les choses obliquent plus vers 1973 avec un « Sanctity » sautillant où la voix de Venrez prend des allures morrisoniennes et où les grattes claquent comme sur un bon vieux 33 tours d’Alice Cooper. Les décharges électriques continuent avec « Hot air » et, on peut le dire, tout l’album déroule selon ce genre d’unité de mesure. On reste plus particulièrement subjugué par l’excellent « Intellectual drool » qui balance sans discernement coulées de riffs au strontium, basse élastique et menaçante, chant caverneux planant et refrains mâles que les jeunes éphèbes métrosexuels contemporains ne pensaient plus possibles de refaire.
Bref, ça flingue comme en 1993 et c’est tout ce que les amateurs de gros son demandent. Venrez pousse la subtilité jusqu’à se commettre dans une reprise robotique de « The beat goes on » de Sonny & Cher et termine son album sur une ballade un peu ronflante qui se termine elle-même sur près de cinq minutes de nappes fluettes de guitares atonales et simili-psychédéliques. Petit essoufflement à l’extrême fin du parcours mais on pardonne.
Venrez opérera sur la scène du Biebob de Vosselaar le 6 novembre prochain en ouverture des Suédois de Hardcore Superstar et des Ricains de Buckcherry. Sortez la laque, le Perfecto léopard et les pantalons en cuir !
Pays: US
Monarch Music Group
Sortie: 2013