8 FOOT SATIVA – The shadow masters
8 Foot Sativa est un groupe de death metal mélodique qui n’est peut-être pas encore très connu chez nous mais qui a connu un certain succès dans son pays natal, la Nouvelle-Zélande. Le groupe est formé en 1998 par Gary Smith (guitare) et Brent Fox (guitare), des copains de collège qui habitent à Auckland. Avec l’intégration de Peter « Speed » Young à la batterie et « Fat » Dave à la basse, le groupe de ces jeunots commence à se construire un répertoire à partir de reprises de Pantera, Sepultura, Metallica, Slayer, Iron Maiden ou Judas Priest.
Commence alors une invraisemblable valse des portefeuilles autour du poste de chanteur, Brent Fox (devenu bassiste), Gary Smith et Speed Young restant toujours à la barre au moment du premier album « Hate made me » (2002). À cette époque, c’est Justin « Jackhammer » Niessen qui tient le micro. L’album devient disque d’or en Nouvelle-Zélande avec un chiffre de 7500 exemplaires vendus (petit pays, petits seuils pour les disques d’or ; aux États-Unis, c’est 500&tinysp;000). Ce succès est dû à la présence de ce qui est sans doute la meilleure chanson du groupe, l’éponyme « 8 Foot Sativa ».
Sur « Season for assault » (2003), Sam Sheppard a remplacé Speed Young. L’album se place à la 6e place des charts néo-zélandais et se fait remarquer par les bons titres « Chelsea smile » ou « Season for assault ». Matt Sheppard (frère de Sam) reprend le micro à la place de Niessen (hurleur doué mais qui avait l’habitude de faire des syncopes sur scène du fait qu’il poussait trop sa voix) et 8 Foot Sativa commercialise « Breed the pain » en 2005. Matt Sheppard écrit la moitié des titres et apporte un changement radical dans le chant, avec des growlings death metal alternant à des hurlements porcins. Le groupe prend une tournure plus orientée vers un death metal mâtiné de metalcore.
Matt Sheppard ne reste que le temps d’un album et « Poison of ages » (2007) est marqué par de nombreux changements de personnel, Smith et Fox se retrouvant entourés de Ben Read (chant), William Cleverdon (guitare) et Steven Westerberg (batterie). L’ambiance est beaucoup plus sombre sur cet album, avec les thèmes et le chant de Ben Read, qui a fait ses classes dans Ulcerate et Kill Me Quickly, des groupes de death et de hardcore radicaux. L’album est autoproduit, ce qui dénote une certaine perte de vitesse dans les performances commerciales du groupe, quasiment à l’arrêt à partir de ce moment du fait d’insolubles blessures de Gary Smith.
Les activités reprennent en 2013, avec le retour de Gary Smith et Brent fox, qui ont retrouvé leur hurleur Jackhammer Niessen, réintroduit Corey Friedlander à la batterie (il avait fait un passage éclair dans le groupe en 2007 mais ne figurait pas sur album) et engagé le nouveau Nik Davies à la guitare. « The shadow masters » sort en août 2013 et constitue ce qu’il faut bien appeler une déception par rapport aux albums précédents. Certes, 8 Foot Sativa n’a jamais volé dans les hauteurs du génie avec son death mélodique conventionnel mais ici, il se livre à ce qu’on pourrait appeler un death metal générique.
Comme les médicaments du même nom, cet album ne produit aucun effet particulier. Les passages mélodiques sont à la limite du metalcore pour gamins boutonneux et les riffs de gratte ont déjà été entendus partout. Le groupe met du pétard mais les explosions ne provoquent pas les ondes de choc escomptées. Chaque titre défile avec un lourd air de déjà entendu. On est dans du petit Trivium, du petit Lamb Of God, du petit In Flames, du petit Soilwork et on a beau essayer de trouver de la personnalité à cette galette, on n’y arrive pas. On a du mal à imaginer un groupe avec déjà 15 ans de pratique quand on entend cet album, qui semble sortir d’une salle de répèt’ de lycée où des mômes ont plâtré grossièrement des influences mal maîtrisées sur leur premier disque. Si on veut se faire l’avocat du diable, on sortira du lot « Visions of red », dont la brutalité est assortie d’un petit thème de piano perdu dans le mix à un certain moment, et qui recèle un échange de solos de guitare relativement intéressant. Oui, les solos de guitares restent peut-être ce qu’il y a de plus appréciable dans cet album, mais c’est le genre de disque qui est aussitôt oublié pour toujours une fois rangé dans les rayonnages de la discothèque.
Pays: NZ
Autoproduction
Sortie: 2013/08/30