HOUSE OF LOVE (The) – she paints words in red
À la charnière des années 80 et 90, alors que My Bloody Valentine ou Ride imposent comme standard le shoegazing et son binôme voix fluettes sur maelstrom de guitares saturées, un groupe de Londres débarque avec des mélodies imparables d’un classicisme absolu, des guitares cristallines et un chanteur belle gueule aussi à l’aise dans un registre baryton qu’en sauts d’octaves.
The House of Love s’impose en deux albums grâce à des cavalcades au pouvoir de séduction instantané comme « Christine », « Destroy the heart » ou « Shine on », sans oublier les ballades comme « Blind », « Someone’s got to love you » ou « The Beatles & the Stones », douces et caressantes comme la main d’un ami sur votre épaule un jour de déprime. Le genre de ballade qui redonne toute sa noblesse au terme « joli ».
Entre disputes, trucs de drogue et irruption du Madchester puis du grunge, The House of Love se séparera en 1993. Le chanteur Guy Chadwick sortira en 1998 un album solo très confidentiel tandis le guitariste Terry Bickers lancera plusieurs projets psyche-rock sans jamais réussir à s’imposer. The House Of Love pointera le bout de son nez le temps d’un album (« Days run away », they do indeed) passé inaperçu en 2005. Ce retour inattendu sera-t-il un one-shot ? Demain est un autre jour…
« She paints words in red » reprend les choses où « Audience with the mind » les avait laissées en 1993 : guitares chatoyantes (on pense aux Beatles, Echo & the Bunnymen ou Television) qui ne lésinent pas sur la reverb, mélodies aguichantes et la voix de Chadwick qui n’a pas pris une ride dans les graves mais ne s’aventure plus guère dans les octaves supérieures et c’est un peu dommage… L’écoute laisse d’ailleurs d’une manière générale une impression mitigée. Cet album est très joli, très agréable, les chansons sont belles comme un lac de montagne au petit matin et vous vous surprendrez à les fredonner plus souvent qu’à votre tour, mais c’est très sage. Trop sage.
On a l’impression que House of Love n’a pas pu/voulu sortir de sa zone de confort. La production est lisse, ne permettant pas à des chansons comme « Moneyman » ou au single « A baby got back on its feet » de donner leur plein potentiel. Le premier cité pourrait prétendre au niveau d’un « Shine on » si on n’avait pas cette impression que les guitares en gardent sous le pied. Même chose pour le très George Harrison « Holy river ». Quelques exceptions quand même : « PKR » ou « Eye dream » (surtout le final) lâchent enfin la bride. Restent les ballades où la touche HOL est impeccable (la plage titulaire, « Trouble in mind » ou « Sunshine out of the rain ») qui n’ont pas leur pareil pour vous prendre dans leurs bras en vous disant que tout ira bien. Même si le refrain de « Lost in the blues » est totalement pompé sur « D song 89 » sorti en 1990…
En résumé, un très bel album, ceux qui se souviennent des années Creation seront contents, mais je doute que House Of Love réussisse à acquérir de nouveaux fans et à revenir au premier plan avec ceci. Peut (vachement) mieux faire.
Pays: GB
Cherry Red
Sortie: 2013/03/25